Depuis plus d'une semaine, d'étranges portes ont fait leur apparition en centre-ville de Mende. Des créations qui n'ont pas manqué de susciter curiosité et interrogations.
Elles sont l'oeuvre d'une jeune artiste mendoise, qui souhaite garder l'anonymat. Une jeune fille qui espérait bien faire passer un message à travers cette exposition "sauvage" et mystérieuse. Un message en faveur des arts plastiques, sorte de manifeste culturel.
En attendant, ses oeuvres sont toujours exposées aux quatre coins de la ville où elles continuent d'alimenter les conversations.
Elle nous livre aujourd'hui la signification de son geste artistique. Elle a choisi l'anonymat. Non pas par peur mais elle veut juste faire passer son message. Dans la nuit du jeudi 9 avril, l'ombre de Mademoiselle
X (puisqu'elle n'a pas encore de nom d'artiste) et de son complice s'est glissée dans les rues de Mende, à l'heure où la ville s'était endormie. À son réveil, la préfecture a pu constater que quelques portes ornées avaient fleuri ça et là dans le centre de la cité. Sur le parvis de la cathédrale, devant le lavoir ou encore au pied de la tour des pénitents, et un peu plus loin même, jusqu'à Sainte-Hélène. Une bien étrange opération qui n'avait donc rien d'officiel, ni même prévu au protocole. Non au contraire, un acte clandestin et symbolique.
Quelle pouvait donc bien être la signification de ces portes ? « Cela faisait pas mal de temps que j'y travaillais, explique la jeune artiste. Et pour mettre un terme à ce travail j'ai pensé pourquoi ne pas les mettre en ville ? » Mais au-delà de ça, son geste lui permet aussi de pousser un coup de gueule. « Parce que tout ce qui concerne les arts plastiques à Mende n'est pas très vivant, estime-t-elle. En musique ou en théâtre, il y a pas mal de choses mais pour les arts plastiques... Et puis une porte, je trouve ça joli comme symbole. Cela peut inciter les gens à sortir et faire le premier pas pour ensuite aller visiter des expos. » Et visiblement, l'idée a fait parler. La jeune fille s'est d'ailleurs amusée à regarder les réactions des gens. « J'ai pu observer, voir les enfants qui s'amusaient, les gens qui s'interrogeaient », avoue-t-elle. « Le but c'est aussi de les poser et les laisser évoluer. Si les gens veulent les prendre c'est bien. En tout cas, je ne voulais pas qu'elles restent dans un garage. J'aurais aimé en mettre beaucoup plus, mais c'est déjà du boulot. »Parce que l'artiste travaille depuis presqu'un an sur son projet. Et si les portes ont subi les outrages et les caprices de la météo, elles sont toujours bien présentes en ville.
« Ça m'intéressait de pouvoir exposer mais si cela pouvait aussi revaloriser le domaine des arts plastiques à Mende ce serait intéressant. C'est dommage parce que je pense qu'il y a beaucoup de gens susceptibles de participer à des expositions. » Si elle préfère rester anonyme, son geste, lui, n'est pas passé totalement inaperçu. Il aura d'ailleurs fait se poser quelques questions. Un geste qui n'est pas sans rappeler celui de l'artiste suisse Invader, lui aussi anonyme, qui envahi régulièrement les villes du monde entier en apposant des personnages de jeux vidéo en mosaïque sur les murs. Peut-être un jour, la jeune mendoise, à son tour ira déposer ses oeuvres aux quatre coins du monde.
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