On a beaucoup de considération et parfois même de la complaisance dans notre pays pour les hommes de plume. James Baldwin se félicitait qu'en France, la police se montrait particulièrement amicale lorsqu'il déclinait son état d'écrivain. Pour cette raison, nous avions la conscience très lourde ces derniers jours d'avoir reproduit sur ce blog un commentaire d'un authentique écrivain sans avoir obtenu son autorisation. Qu'on nous comprenne bien, le fait d'exercer véritablement une profession n'interdit pas d'être un imbécile heureux. L'écrivain lui aussi a ce droit, le titre d'idiot de la famille étant réservé à quelques monstres.
"Le problème, confesse le Stalker, c'est que je ne trouve pas de personne susceptible de me répondre pied-à-pied, de me répondre en démontant mon texte. Je rêve de quelqu'un qui démonterait mon texte. (...) Sur la dissection, je reprendrai Karl Krauss, fameux polémiste autrichien, qui avait dit que la pire des insultes, l'arme de destruction massive la plus puissante que l'on pouvait imaginer était encore de reprendre, sans rien changer, ce que votre adversaire avait dit ou écrit." On comprend pourquoi il a tant de mal à accepter qu'on en use avec lui...
L'article de Wikipedia est très amusant, Stalker considère la page "assez bien faite et relativement honnête". On comprend vite que l'éloge s'adresse à lui-même car dans sa candeur, le docteur attire notre attention sur la page de discussion liée à cette notice. "Bref, non seulement vous faites un article sur vous-même (ce qui est limite), vous rajoutez vos ouvrages ou articles dans les bibliographies d'autres articles, mais en plus vous prétendez ici ne pas être ce monsieur." (Seudo) Et si l'on dit que le style, c'est l'homme, celui-ci ne change pas. D'aucuns taxent le Stalker de Stalking (!), "forme grave de harcèlement mêlant recherche d’intimité avec une victime et violation de sa vie privée". illustration : Dadadreams