Le "collaborateur" Fillon ferait parfois mieux de se taire…

Sale journée pour le Premier ministre. Le président de la République l'a sèchement renvoyé à ses dossiers tout en lui administrant un cours de dialogue social.
François Fillon qui se vante depuis quatre mois de sa "complicité'" avec Nicolas Sarkozy a du sentir comme un vif picotement au niveau de son amour propre en entendant le chef de l'État le rappeler à l'ordre comme un vulgaire mauvais élève (un peu à la manière de qu'il a lui-même fait avec Rama Yade…) au sujet de la réforme des régimes spéciaux de retraites. Ainsi, tout en jugeant (avec un sens de la nuance qui n'appartient qu'à lui) "indigne" l'existence des régimes spéciaux, Nicolas Sarkozy a pris soin de préciser à destination de son Premier ministre qu' "un peu de méthode ne nuit pas à la solution d'un problème", ce qui a forcé Matignon à reconnaître que "la méthode, c'est la concertation des partenaires sociaux lorsque le président l'aura décidé". On est loin des fanfaronnades sur la "réforme déjà prête" de ce week-end…Pas de doute, Nicolas Sarkozy considère bien, comme il le dit d'ailleurs lui-même, François Fillon comme un simple "collaborateur" que l'on peut tancer à souhait. Une situation humiliante pour un Premier ministre, même dénué d'amour propre, surtout quand le secrétaire général de l'Elysée, Claude Guéant, se définit dans le même temps de "principal collaborateur" du chef de l'État.
Et ce n'est pas du côté de la TVA sociale que François Fillon peut chercher du réconfort tant sa ministre de Finances lui a assénée le coup de grâce avant même une éventuelle expérimentation : selon Christine Lagarde, qui reconnaît ainsi implicitement qu'elle a menti sur le taux de croissance, "la TVA sociale, en tant que telle, en l'état de la croissance en France, sans un accompagnement très ferme en matière de maintien des prix, ne serait pas propice". Sans compter, ajoute-t-elle qu' "aucun terrain réaliste d'expérimentation sectorielle ou géographique de TVA sociale n'a pu être identifié". Après ça, le Premier ministre, qui a renvoyé le sujet devant le CES histoire de gagner du temps, peut toujours affirmer que la TVA sociale n'est pas "enterrée", n'empêche que ça y ressemble. Pas de chance, une nouvelle fois il semble bien être allé un peu vite en besogne puisque le porte-parole de la présidence, David Martinon, est venu rappeler sur LCI qu' "il faut que le débat prospère parce que c'est un sujet majeur. Il faut que tout le monde y soit associé. Donc, le chef de l'Etat n'a pas fait sa religion".
Bref, encore une fois à trop vouloir devancer les envies de son chef (ou bien tout simplement pour essayer d'exister), le simple "collaborateur" Fillon a raté une occasion de se taire.