A quoi ça sert une campagne électorale ?

En ces temps de crise, on peut légitiment se poser la question : à quoi sert une campagne électorale ? Les campagnes électorales sont des grands moments de la vie politique car elles célèbrent les valeurs de la démocratie. Nous avons tendance à oublier fréquemment que tous les pays du monde ne vivent pas dans une démocratie où le peuple peut s’exprimer librement et indiquer par un bulletin de vote son adhésion ou son mécontentement au pouvoir politique en place. Je n’évoque même pas le cas des femmes de certains pays orientaux où elles ne disposent pas de cette faculté qui nous semble élémentaire et acquise. Une campagne électorale provoque des débats et discussions au sein des partis politiques mais elle est également censée mobiliser les citoyens et les sensibiliser aux problèmes de la société. C’est un moment de rassemblement autour d’un postulat fondamental : « la possibilité d’organiser une vie commune de façon pacifique, grâce au débat et à la représentation de la multitude des citoyens par quelques-uns d’entre eux qui gouverneront en leur nom ». Rituel civique, le rôle majeur d’une campagne électorale est d’influer l’opinion des électeurs vers un candidat représentant des idées, des valeurs, un projet. La politique ce sont des idées incarnées et la campagne électorale est une tribune qui exacerbe l’expression politique et permet au citoyen de mieux comprendre le système politique en aiguisant le raisonnement des individus. Ceci est possible lorsque la campagne électorale est pédagogique et n’utilise pas des arguments attaquant directement la personne d’un candidat. Le niveau de qualité des campagnes électorales est parfois médiocre et les attaques en dessous de la ceinture sont, malheureusement, souvent utilisées pour se faire remarquer et créer un « buzz » médiatique. Il faut se méfier de ces buzz qui finissent au final par nuire à la personne qui l’a lancé...

Dès 19 ans, j’ai tenu un bureau de vote pour l’élection présidentielle de 1995, puis j’ai participé à 24 ans à ma première campagne électorale en étant candidate sur une liste centriste à Chennevières sur Marne (élection municipale de 2001). Le fait d’avoir participé tôt à une élection familiarise les individus avec cette forme d’expression politique, la rend naturelle et renforce l’engagement civique. Familièrement, on dit que « l’on  fait  campagne », ce qui signifie consacrer beaucoup de temps et d’énergie à la réflexion d’un projet, aux idées que l’on souhaite de toutes nos forces voir appliquer, à la rédaction des documents (tracts, affiches, journal de campagne ...), à la constitution d’une équipe avec laquelle on partage des valeurs communes, à la préparation d’un site ou d’un blog de campagne. Je retiendrais particulièrement toutes ces rencontres, organisées ou spontanées, avec les citoyens, au bas de leur porte, au détour d’une rue, sur un marché, à la sortie d’un bus ou d’un métro, lors d’une réunion publique. Des discussions parfois animées, car évidemment « si nous pensons tous la même chose alors nous ne pensons plus rien ». En un mot, l’humain. Les relations humaines au sein de sa propre équipe, malgré les discussions vives qui peuvent parfois surgir, les relations humaines qui se tissent progressivement avec la population rencontrée. Tous ceux qui ont mené une campagne au niveau local dans une commune, un canton, éventuellement une circonscription, ressentiront pleinement ces mots qui tentent de décrire la fabuleuse aventure humaine et politique que représentent une campagne électorale. A quoi sert une campagne électorale ? A créer du lien entre les individus, ce qui manque indéniablement dans nos sociétés occidentales, et accessoirement de remporter l’élection afin de pouvoir agir concrètement en appliquant des propositions équilibrées et adaptées à la collectivité concernée pour œuvrer à améliorer le quotidien de tous.