Magazine Beauté
La beauté est un monde qui déchaîne les passions.J’en entends souvent des vertes et des pas mûres, des légendes plus ou moins fondées, relayées par les médias, les associations, la blogosphère, les vendeuses sur les points de vente... Certaines idées reçues mettent tout le monde d’accord car elles sont totalement erronées. D’autres font polémique, car moins évidentes à trancher, et chaque professionnel a son avis sur le sujet - d’après sa propre expérience et sa culture scientifique.
Aujourd’hui, je m’attarderai sur quelques-unes de ces idées. Des questions qui préoccupent car on me les pose souvent. Mon avis est objectif et documenté, mais reste mon avis – personne ne détient La Vérité Absolue et il y aura toujours quelqu’un pour nuancer mes propos, et vice-versa…
C'est parti !
Idée reçue n° 1 : J’ai la peau ultra-sensible, il vaut donc mieux que je n’utilise que des cosmétiques naturels.
Naturel n’est pas forcément synonyme d’innocuité. Les poisons les plus violents sont d’ailleurs issus du monde naturel, comme le curare, les venins ou la toxine botulique.
Les produits pour peaux sensibles (Avène, La Roche Posay…) sont souvent composés en grande partie de matières premières de synthèse, qui sont bien mieux maîtrisées que les ingrédients naturels (la composition d’un extrait de plante varie légèrement selon la région, le sol, les conditions climatiques…).
Attention aux huiles essentielles : elles sont très puissantes et doivent être maniées avec précaution. Elles contiennent en outre pas mal de substances classées comme allergisantes. A déconseiller aux peaux sensibles, donc.
Idée reçue n° 2 : Certaines crèmes contiennent de l’huile de castor et du blanc de baleine.
Pas de panique ! « Huile de castor » est une mauvaise traduction de l’anglais « castor oil » , qui signifie en fait « huile de ricin » (un arbrisseau). Et l’huile de ricin, sous ses formes hydrogénées, est très communément utilisée dans les cosmétiques, comme solubilisant de parfum, par exemple (pas super bon pour la peau entre parenthèses).
Le blanc de baleine a certes jadis été utilisé en cosmétique, mais cela fait des années qu’il a été remplacé par son équivalent synthétique, appelé également communément « blanc de baleine ».
En réalité, les actifs d’origine animale sont devenus très rares, la plupart étant aujourd’hui interdits. Ceux que vous pouvez trouver sont essentiellement extraits du lait et des produits de la ruche (miel, cire d'abeille...). Mais aussi... de la carapace de crustacés ! Pour débusquer ces derniers, qui sont pas mal utilisés pour raffermir la peau ou capter les graisses, sachez qu’ils sont souvent désignés sous le nom d’actifs « d’origine marine » (ex : collagène marin), ou chitosan dans la liste d’ingrédients. Petite précision tout de même : ces carapaces sont des déchets de l’industrie alimentaire, on ne tue pas des bêbêtes juste pour que ces dames soient plus belles…
Idée reçue n° 3 : Une crème avec 35% d’actifs est plus efficace qu’une crème à 0,5% d’actifs.
C’est ce qu’essayent de vous faire croire certaines marques mais c’est totalement faux. Est-ce que, pour accélérer l’efficacité d’un médicament, vous prendriez 10 cachets par jour au lieu des 2 prescris par le médecin ? Non, bien sûr. Car à chaque ingrédient sa dose optimale.
Certains actifs, comme les peptides, sont ultra-efficaces à 0,005%. Inutile d’en mettre plus, et d’ailleurs en trop grande quantité, les effets s’annulent parfois, ou alors ils deviennent mauvais pour l'épiderme… D’autres ingrédients, comme des extraits de plante purifiés (dont on a gardé que les molécules actives), marchent aussi à faible pourcentage. Par contre, les extraits totaux, qui contiennent des parties « inutiles » de la plante, doivent être apportés à plus haute dose.
Une illustration pour bien comprendre : du jus d’orange pur, donc « 100% actif » sera toujours moins efficace qu’une crème à 5% de vitamine C.
Par ailleurs, l’efficacité d’un ingrédient dépend fortement de sa biodisponibilité (cad de son aptitude à être réellement utilisé par la peau). Celle-ci peut être améliorée par exemple en encapsulant la molécule ou en la modifiant chimiquement pour qu'elle soit mieux absorbée.
En résumé : l’argument du type « 67% d’actifs dans la formule » ne rime à rien du tout !!!
Idée reçue n°4 : Il faut utiliser une protection solaire tout au long de l’année.
Cette idée-là divise particulièrement la communauté scientifique. Mais la plupart sont d’accord pour dire que sous nos latitudes, entre octobre et avril, la quantité d’UV n’est pas assez importante pour nécessiter une protection, et encore moins si on se maquille, car le fond de teint apporte une protection non négligeable (5-10). Bon, vous aviez compris que je ne parle pas ici d’expositions volontaires au soleil, notamment au ski, où là la protection reste in-dis-pen-sable !
Une chose à savoir encore : il est déconseillé d’appliquer des filtres solaires chimiques tout au long de l’année car leur innocuité est mise en cause, notamment car ils pénètrent dans la peau (on en retrouve dans les urines) et auraient un effet oestrogénique…
Et une petite question pour finir : vous portez des lunettes de soleil en hiver pour aller au bureau, vous ???
La suite au prochain épisode…