Chassés de Kaboul par les forces de la coalition après le 11 septembre 2001, les apprentis-barbus se sont rapidement réfugiés à la frontière pakistanaise. Issus principalement de tribus patchounes, ces néo-fondamentalistes reçurent un accueil favorable d'une bonne partie de la population et surtout bénéficièrent du soutien non avoué des services de renseignement pakistanais (le tout-puissant ISI). Depuis lors, ils ne cessent de progresser à l'intérieur du Pakistan et d'y insuffler un gentil esprit déconneur en imposant la charia un peu partout. Interdiction de se raser pour éviter de se couper. Port de la burqa obligatoire pour lutter contre les coups de soleil. Quelques coups de fouet par-ci par-là pour revigorer des corps fatigués. Prohibition de certains sports pour faire travailler les cerveaux lents.
Leur fondamentalisme religieux humainement inacceptable et leur frénésie guerrière font craindre le pire quand on connait l'importance de l'arsenal militaire pakistanais.
Cela fait longtemps que le monde s'inquiète de la situation pakistanaise. Depuis sa création en 1947, ce pays n'a quasiment jamais connu de véritable stabilité. Séparé de l'Inde pour des questions religieuses (malgré Gandhi), le Pakistan est né avec des revendications. Quand en 1998, les forces armées réalisent le premier essai nucléaire, le stress du monde monta d'un cran. Quand on apprit ensuite que le père de la bombe, A.Q. Kahn, avait vendu son génie à des pays aussi pacifiques que la Libye et l'Iran par charité musulmane, le front du monde commença à perler. Quand en 2007, la célèbre Mosquée Rouge d'Islamabad se révéla "talibanisée", le coeur du monde se mit à battre. Et quand au début de l'année, la justice pakistanaise libéra le fameux docteur Kahn pour des raisons obscures, les mains du monde tremblèrent.
Mais aujourd'hui, la goutte d'eau est suffisamment proche du bord du vase pour que les journaux israéliens évoquent le plan B pakistanais. Ayant "abdiqué" (selon l'expression d'Hillary Clinton) face aux talibans, les hommes sensés du Pakistan seraient prêts à mettre l'arsenal nucléaire à l'abris en Occident. Ambiance ambiance... Il y a de quoi se gratter la barbe!
En attendant, il nous reste à prier pour un monde de paix. A oeuvrer petitement à la charité autour de nous. Et à croire que l'Homme, homo-sapiens ou être doué de raison, sache user de sa liberté pour faire le bien. Disons-le clairement : le bien n'est jamais du côté du fondamentalisme.