Qu'est ce qu'un blog ? Ou plutôt quelle est sa fonction ?...

Publié le 24 avril 2009 par Perce-Neige
Qu'est ce qu'un blog ? Ou plutôt quelle est sa fonction ? Epouvanté devant le narcissisme stérile qui prévaut un peu partout (nous le savons tous), et d'abord ici, bien sûr, hélas... Toujours à deux doigts de rebrousser chemin, donc, de laisser tout en plan, d'en revenir à d'autres habitudes, d'autres mascarades, plus convenues au fond. Sauf que me fascine toujours autant le statut de la vérité sur Internet. Vous me direz : ce n'est pas nouveau ! La littérature a toujours été un art du mensonge et il n'y a d'ailleurs que les journalistes à se demander si les romans de Sollers, ou de Kundéra, pour ne citer qu'eux, reposent ou non, sur la vérité de personnages bien réels. Mais sur le net, on est à une toute autre échelle ! Bientôt nous ne saurons plus jamais démêler le vrai du faux... Si bien qu'on entre dans une nouvelle dimension, où chacun s'invente déjà (voyez Facebook) une ou plusieurs biographies rêvées. Bref, même le narcissisme peut n'être qu'un canular de plus pour certains et le réel se dérober à tout moment. Et c'est cela, curieusement peut-être, que je trouve tout à fait passionnant car à même de submerger complètement les formes littéraires auxquelles nous sommes habituées (roman, poésie, etc). Je pourrais donc, la main sur le coeur, jurer que tout ce que j'écris sur ce blog (notamment) n'est que pure vérité (ou à peu près, ce qui est vrai) et donner pour preuve, avec cette histoire, louche, de bagage égaré à Madras, la véritable photo, scannée, du formulaire que l'employé de l'aéroport m'avait remis (névrotiquement collé, depuis, sur mon cahier et qui figure maintenant en haut de ce billet). Ou bien vous révéler le véritable nom de cette Fabienne M. avec qui je passais quelques jours en septembre 1996. Ou vous livrer quelques-unes des conclusions de mon rapport sur l'état sanitaire au Rwanda. Ou encore accepter de laisser filtrer quelques indiscrétions sur mon identité. Mais, comme le merle de mon jardin, je préfère sauter sur une autre branche. C'est plus drôle, et donc plus sérieux. Surtout, c'est le seul véritable moyen, je crois, de pouvoir dire quelque chose du monde. De pouvoir témoigner, au fond. C'est dans l'écart à la réalité que réside la force de l'art. J'imagine une oeuvre à construire : un réseau de blogs (fictifs) qui se répondraient, ne cesseraient de corriger leur vision de la vérité, construiraient une histoire, fonderaient un langage, on peut rêver...