Alors qu'ils sont loin d'être tous prêts à passer la transition numérique, puisque seule la moitié des éditeurs interrogés durant la Foire du livre de Londres aurait mis au point sa stratégie, le message est pourtant clair : l'adoption doit se faire, et va se faire.
Mais autant que le choix du papier peut déterminer l'identité du livre, le format, ou plutôt les formats ne feront rien de mieux que d'embrouiller un marché naissant.
Multiplication des formats : c'est le pain sans le vin
On compterait en effet plus de 25 types de fichiers possibles, bien que de grandes tendances se dégagent avec l'ePub, le PDF, le Mobipocket ou le Kindle, mais s'ajoute nécessairement à cela le DRM qui vient plus encore fausser le jeu. Pour Simon Juden, directeur de la Publishers Association, il faut un accord, un consensus global, et en se fiant aux recommandations de l'IDPF, l'International Digital Publishing Forum, l'ePub semble être la solution, bien que le Kindle ne le gère pas.
Solution ou au moins orientation souhaitable pour s'épargner les conflits qui ont eu lieu entre Blu-ray et HD-DVD, car toujours plus désastreux que profitables. En l'occurrence, Sony l'avait emporté dans son combat contre Microsoft - pour faire vite - et désormais, c'est en supportant l'ePub avec son Reader qu'il veut également donner le 'la' du livre numérique.
L'ePub selon Sony, le paradis, ou l'anti-Amazon ?
En Angleterre, Richard Palk, le responsable contenu de Sony, explique que l'ePub s'est imposé de facto, mais dans quel sens doit-on lire cette information ? L'alliance de Sony avec les rivaux commerciaux d'Amazon - et surtout Google books - permet d'y répondre partiellement, or chez Waterstone, on penche également pour un format unique, celui d'Adobe, choisi par Sony, justement.
L'ePub ne résoudra cependant pas tous les problèmes : format intéressant à plus d'un titre, il restera tributaire des problématiques induites par les DRM. Rendre compatible ce format qui s'adapte aux appareils le lisant, signifie prendre en compte tous les supports sur lesquels le fichier pourrait être lu, multipliant ainsi les écueils... et les dépenses. Car les DRM coûtent cher, et ce sera au consommateur de les payer...
Le prix des livres et de leurs verrous (verrues ?)
Côté tarification d'ailleurs, on est encore loin d'un idéal, malgré les faibles coûts de production des ebooks. Rarement très éloignées du prix papier - de 15 à 20 % en France dans les meilleurs cas, pour l'heure - les conséquences pourraient être simples : aucun client pour une offre sur laquelle les éditeurs se montreraient trop gourmands, et le champ libre pour Amazon qui parvient à proposer des tarifs plus souvent intéressants.
Cela passera par l'abolition de la TVA, assurément, mais l'arrivée du Kindle en Angleterre posera la question de la génération d'un fichier AZW, propriétaire. D'autres frais, d'autres guerres. Le combat ne cessera donc pas de suite, les combattants sont sur le pied de guerre. Par contre, pour les petits éditeurs, cela risque de ressembler à un carnage...