Ce matin, je ne ferai pas l’analyse du match. Je laisserai ce boulot aux vrais experts. J’aurai tout le temps du monde de faire le procès ou le panégyrique des joueurs… et de la direction. Non, ce matin je vais parler de colère et délirer un peu.
Ce n’est pas la colère de voir le Canadiens perdre en 4 parties de façon absolument humiliante. Ni la colère de m’être procuré un chandail officiel du centenaire avec le numéro 31, vous savez, ceux que l’on vend à un prix ridicule de 300$ et qu’on n’ose même pas lavé de peur de les abimer? Ce n’est pas la colère d’avoir investi un peu plus de 86 soirées pour visionner les matchs à la télévision mettant en rogne une douce moitié qui préférerait sûrement regarder les ‘reality shows’ comme Cock Story et Préoccupation double. Ce n’est pas la colère d’avoir perdu quelques cent dollars en gageures diverses et d’avoir subi le regard moqueur de mes adversaires, partisans finis des Bruins de Boston qui nous remettront cette série dans la figure pour les 125 prochaines années. Ce n’est pas aussi la colère de perdre un outil précieux de rapprochement avec mes collègues au travail, c’est-à-dire nos éternelles conversations de gérants d’estrade devant la machine à café.
Non, la frustration qui m’habite c’est celle de m’être menti à moi-même. Mes deux personnalités rivales se sont affrontées tout au long de l’année et vers la fin de la saison mon anima, partisan irréfléchi qui considère le tricolore comme une machine de guerre au potentiel infini, a pris le dessus sur mon animus, rationnel et stable qui sait analyser adéquatement les situations. J’ai été mon propre ennemi me causant des souffrances inutiles par une accumulation de stress. Je me suis senti le besoin de conserver la tête haute devant mon propre découragement. Je n’y ai pas cru… pas réellement. J’y ai cru… légèrement. Je souffre de dichotomie partisane! Je suis en combat constant à savoir comment je dois agir! Est-ce que je devais m’avouer vaincu avant le début des hostilités? Ou bien est-ce que je devais croire au miracle?
Vous remarquerez que nous expérimentons présentement les 5 phases du mourant, mieux connu par l’expression anglophone ‘The 5 Stages of Loss and Grief’. C’est une théorie de psychologie documentée par une madame Elizabeth Kubler-Ross et qui décrit les différents stages que l’on vit à l’annonce d’une mort prochaine.
Étape 1 – Le déni
On est dans les séries, on a toutes les chances du monde! Le Canadiens a réussi à sécuriser la 8e position, c’est un signe que la saison peut-être sauvée. On ne peut pas perdre, surtout pas pendant le 100e anniversaire. Kovalev va transporter l’équipe au complet.
Étape 2 – La colère
Calice! On a perdu les 2 premiers matchs. On aurait pu gagner le premier et le troisième maudit! Price a goalé comme un pied ciboire! Pis la 2e ligne fou rien! Maudit Gainey à marde, il est tu épais avec ses décisions de retardés! Et Komisarek, shit… on peut pas le signer pour un gros salaire, y joue comme une quille!
Étape 3 – Le marchandage
Dieu… fait que le Canadiens gagne s’il vous plait. Je ne vous demande pas grand-chose, mais vous savez, nous les québécois on le mérite, on est du bon monde. S’il gagne, j’irai monter les marches de l’oratoire à genou, promis!
(Et oui, j’ai réellement sorti mon dieu de garde-robe, celui que l’on invite quand on ne sait plus quoi faire)
Étape 4 – Dépression
Ah non… je ne peux pas croire qu’on va perdre la série. Je n’aurai plus rien pour occuper mes soirées. La réalité sans les Canadiens n’a aucun intérêt… On est des merdes! J’ai tellement la honte… j’ai le goût de pleurer, c’est fini…
Étape 5 – L’acceptation
Bah… il y aura toujours l’an prochain. Dans le fond, on ne peut pas toujours gagner. Il faut voir de l’avant, c’est fait, c’est fait!
Je vais reléguer ma panoplie de marchandise à l’effigie du Canadiens dans la garde-robe, et chaque fois que j’irai y chercher quelque chose, je constaterai que le partisan n’est pas réellement mort. Il dort, impatient de ressortir et de saboter mon futur. Il s’acharne dans se combat éternel, car soyons franc, il n’aura jamais de fin tant que le Canadiens existe. La saison est officiellement terminée pour le tricolore que déjà je pense à l’an prochain. J’arborerai fièrement mes couleurs, même dans la défaite. Un vrai partisan jusqu’à la fin qui se fait 124716455 scénarios d’échanges, d’acquisitions, de signatures.
La saison du Canadiens est terminée, le fan ne l’est pas.