Définition
Ce sont des substances isolées ou des mélanges de substances d’origine naturelle ou synthétique qui confèrent une spécificité à un produit fini. Leur présence autorise la revendication d’une activité précise qui doit être confirmée par des tests d’efficacité.
Classification
Les ingrédients actifs cosmétiques sont extrêmement nombreux. Leur durée de vie est généralement courte et l’on voit apparaître de nouveaux produits constamment, le marché des cosmétiques reposant, en grande partie, sur la nouveauté. Beaucoup sont des supports publicitaires de choix soit par une activité réelle, soit par l’image qu’ils peuvent évoquer dans l’esprit du consommateur.
Ils sont classés par activité : hydratants, antiâge, tenseurs, raffermissants, antiseptiques, apaisants, régulateurs de la séborrhée, amincissants, etc.
Sommaire :
- Hydratants
- Antiâge ou antivieillissement
- Anti-inflammatoires ou produits « apaisants
- Immunorégulateurs
- Substances « antistress »
- Substances « botox-like »
- Séborégulateurs
- Amincissants
- Dépigmentants
- Bronzants
Hydratants
Il est pratiquement impossible d’influer sur la teneur en eau du derme, véritable réservoir d’eau de la peau. En revanche, on peut agir sur l’équilibre qui s’instaure au niveau des couches superficielles de l’épiderme entre la diffusion et l’évaporation de l’eau. Les tout premiers « hydratants » (huiles de vaseline, paraffine liquide, cires végétales, alcools gras…)étaient, en fait, des antidéshydratants qui tendaient à constituer une couche imperméable à la surface cutanée afin de limiter ou de supprimer le départ de l’eau endogène. Les hydratants de deuxième génération (glycérol, sorbitol, dérivés de l’acide pyrrolidone carboxylique ou PCA comme le Laurydone®, acides aminés) tentaient de fixer l’eau exogène. Ce sont des humectants. Les hydratants de troisième génération (céramides, glycocéramides, acides gras polyinsaturés ou AGPI, liposomes interviennent sur la régulation du flux hydrique par le biais de la protection ou de l’amélioration des lipides cutanés. Actuellement, les habitudes de formulation ont changé et font place au mélange de tous les types d’hydratants afin d’obtenir, par tous les moyens, le meilleur résultat.
Toutes ces substances sont généralement très bien tolérées par la peau.
A retenir :
Occlusifs : hydrocarbures, cires, alcools gras.
Hygroscopiques : glycérol, PCNa, urée…
Filmogènes hydrophiles : collagène, gel d’aloès…
Régulateurs du flux hydrique : AGPI, cholestérol, céramides.
Antiâge ou antivieillissement
Le vieillissement cutané est dû, en premier lieu, au ralentissement de tous les systèmes enzymatiques et de la vie cellulaire en général. Il est génétiquement programmé mais il est accéléré par le tabac, le stress, la pollution. Il se manifeste par un amincissement progressif de l’épiderme, une desquamation anormale et un dessèchement de la surface de la couche cornée, un aplatissement de la jonction dermoépidermique (JDE), une atteinte de l’intégrité des molécules protéiques du derme conduisant à une perte des propriétés mécaniques, élasticité en particulier.
Les actifs antivieillissement peuvent donc agir à différents niveaux. On y trouve des hydratants, des émollients et surgraissants, des protecteurs solaires (filtres UVA dont certains sont d’origine naturelle : propolis, extrait de pongamia, extrait d’aloès, beurre de karité…), des agents de desquamation (alpha-hydroxyacides ou AHA, rétinol, vitamine A) des stimulants cellulaires ou activateurs du métabolisme cellulaire et de la synthèse protéique (glycoprotéines, oligoaminés, cytochrome C, extrait de ginseng, extrait de Centella asiatica…) des antiélastases, des antiradicaux libres (alpha-tocophérol et son ester acétique, l’acide ascorbique et le palmitate d’ascorbyle, le β-carotène, ginkgo biloba), des nutriments cellulaires, des glycoprotecteurs, des tenseurs (hydrolysats de protéines d’origine végétale ou marine), des raffermissants etc…
Tous ces actifs sont soumis de la part du fabricant à divers tests de tolérance soit in vitro sur culture cellulaire ou membrane allantoïdienne de l’oeuf, soit in vivo sur l’homme ou plus rarement sur l’animal. Pour que le produit puisse être commercialisé, il est indispensable que les tests de tolérance soient bons. Toutefois, les réactions de sensibilisation ne sont pas écartées, en particulier lorsqu’il s’agit de dérivés de protéines, d’extraits de moules ou de poissons divers.
Comme pour la tolérance, l’efficacité de tous ces actifs est garantie par le fabricant à partir des résultats des tests (in vitro et in vivo) réalisés par des laboratoires spécialisés.
A retenir :
Agents de desquamation : -hydroxyacides.
Filtres solaires : OMC, oxydes titane et zinc.
Antiradicaux libres : vitamines C et E, EDTA, SOD.
Stimulants cellulaires : peptides, glycoprotéines, extraits végétaux…
Antiélastases : peptides, extraits végétaux.
Antiglycation : peptides.
Tenseurs-raffermissants : hydrolysats de protéines, tanins.
Anti-inflammatoires ou produits « apaisants »
Le terme anti-inflammatoire est peu apprécié en cosmétique parce que porteur d’une image à la limite du thérapeutique. Il est assez souvent remplacé par le terme « apaisant » ou antirougeurs.
Les substances revendiquant une activité anti-inflammatoire sont des molécules classiques : l’azulène ou le gaïazulène synthétiques, le chamazulène végétal extrait de la camomille, l’acide glycyrrhétinique, l’-bisabolol.
Parmi les actifs anti-inflammatoires, on peut trouver des ARL, l’inflammation étant due pour beaucoup à la présence de radicaux libres.
Les antirougeurs sont en général des vasoconstricteurs. Les plus classiques sont des extraits de marron d’inde, de ratanhia, mais aussi les extraits de ruscus, ainsi que tous les extraits de plantes riches en tanins et les tanins eux-mêmes. L’extrait de lierre de même que l’extrait de ficaire grâce à leurs hétérosides en font aussi partie.
Toutes ces substances ou ces mélanges sont en général très bien tolérés.
Immunorégulateurs
Le domaine des « actifs » cosmétiques s’est récemment élargi à la protection des défenses naturelles de la peau. La réponse immunitaire est concentrée dans l’épiderme par l’intermédiaire des cellules de Langerhans et des kératinocytes. Le fonctionnement de ces cellules peut être perturbé soit parce que, au cours du vieillissement, elles perdent leurs capacités de réaction, soit parce qu’elles sont confrontées à une pollution croissante ou soumises à des états de stress permanent.
Les substances proposées sont généralement des peptides ou des nucléotides issus de biotechnologies (Langherine, Modulène®, diméthylsilanediol ou DSBC, Biokine-6®), les polysaccharides (Drieline® , Fucogel®)
La tolérance est généralement bonne. L’efficacité est plus difficile à démontrer.
Substances « antistress »
Se trouvent sous ce vocable, des actifs de type lipophile qui sont des restructurants de la barrière cutanée ou de simples matières premières de protection. Tel est la cas de l’aspartate de lysine, en solution aqueuse à 50 %, qui stimulerait l’ATP intercellulaire et serait capable d’inhiber la MDA, produit terminal de la peroxydation et toxique cellulaire responsable de la réticulation du collagène (Asparalyne®).
La tolérance de ces matières premières est bonne dans l’ensemble.
Substances « botox-like »
Depuis peu sont apparues sur le marché des substances capables d’agir au niveau de la jonction neuromusculaire ou d’avoir une action similaire à celle de la toxine botulique sans en avoir les inconvénients. D’autres auraient la capacité de limiter l’entrée de l’ion calcium dans le fibroblaste empêchant ainsi sa contraction et apportant en conséquence un effet relaxant cutané s’approchant de l’effet botox.
On trouve dans ces deux catégories :
un ester de dipeptide tyrosine-arginine qui provoquerait la libération d’un neuromédiateur analgésique la met-enképhaline (Calmosensine®) ;
un lipoaminoacide associant les acides aminés de la protéine de blé et l’acide palmitique qui aurait une action relaxante sur la jonction neuromusculaire mise en évidence sur des cocultures nerfs/muscles (Deepaline PVB®) ;
un extrait d’Acmella oleracea qui aurait des propriétés myorelaxantes testées sur des cocultures nerfs/muscles et in vivo sur panels de volontaires (Gatuline expression®) ;
un peptide modifié qui se comporte comme neuroactif en préservant la fonction sensitive qui diminue avec l’âge et en améliorant la perception. Il minimiserait les altérations des terminaisons nerveuses, action mise en évidence sur culture de neurones (Glistin®) ;
des mélanges divers à base de gluconate de manganèse, de rétinyl palmitate et d’hydroxypalmitoyl sphinganine (D-Contraxol®) ou de gluconate de magnésium, d’un hexapeptide et d’extraits d’algues et de levure (B-Neutrox®) ou d’un hexapeptide-3, d’hydrolysat de protéines de soja, d’extrait de levure, de tocophérol et de hyaluronate de Crithmum mariti (Botufix®).
Séborégulateurs
Il n’est pas conseillé d’utiliser en cosmétique le terme d’antiacnéique, réservé au médicament, ni même celui d’antiséborrhéique, la séborrhée étant un dérèglement physiologique proche, dans certains cas, de la pathologie. Le marché des régulateurs de la séborrhée touche préférentiellement les adolescents mais aussi les hommes jeunes atteints d’alopécie androgénétique et quelques femmes en période préménopausique.
Les régulateurs de la séborrhée sont extrêmement nombreux. Un produit de synthèse, la S-carboxyméthylcystéine, est utilisé depuis longtemps avec un succès certain, ainsi que, en général, tous les dérivés de soufre organique, d’origine synthétique ou végétal (undécylenamidopropyl trimoniumméthosulfate associé au cétylpidolate, extraits de cresson) mais aussi les acides aminés soufrés, cystine, cystéine, méthionine sous forme d’hydrolysats de kératine (aviaire). Ils sont parfois remplacés par les sels de zinc et/ou de cuivre sous forme de sels de l’acide L-pyrrolidone carboxylique (Cuivridone®, Zincidone®), de substances issues de la biologie marine (Algualane® zinc ou cuivre). Enfin, la gelée royale et des mélanges d’acide et d’alcools aliphatiques biomimétiques de certains de ses composants ont été préconisés, de même que l’extrait de bardane pour son contenu en inuline et en arctiopicrine antiseptique.
Amincissants
L’accumulation des graisses s’effectue dans les adipocytes à partir des triglycérides et des sucres. Les actifs amincissants sont censés lutter contre la lipogenèse (dihydroxy-2-amino-4-octadécène, extrait de Gymnea sylvestris, protamine, triterpènes…) et/ou favoriser la lipolyse (caféine, extraits de levures, ginkgo…) en améliorant, en outre, l’état du tissu conjonctif.
Parallèlement, les protecteurs du tissu conjonctif seront systématiquement utilisés : le silicium et ses dérivés (silanols) les asiaticosides de Centella asiatica, les saponosides du ginseng, le plancton thermal.
Idem pour les adjuvants. Les kératolytiques (AHA) qui favorisent la pénétration des actifs, les stimulants de la microcirculation (nicotinate de vitamine E, extraits de lierre, d’ulmaire, de ficaire, de ruscus), les antienzymes (anticollagénases, antiélastases). Les enzymes, mucopolysaccharidase, protéases diverses sont du domaine médical.
La tolérance de l’ensemble de ces actifs est généralement bonne. Des intolérances à la caféine peuvent, mais assez rarement, se manifester. Des réactions cutanées de type irritatif ou allergique peuvent être reliées à la présence d’extraits végétaux divers. Ces réactions sont amplifiées par la présence simultanée de facteurs de pénétration tels que l’éthanol, le propylèneglycol et surtout les salicylate et nicotinate de méthyle.
A retenir:
↓ lipogenèse : antagonistes du glucose, protamine, triterpènes.
↑ lipolyse : caféine, blocage des récepteurs -adrénergiques (escine).
Activation des récepteurs β-adrénergiques : rhodystérol.
Dépigmentants
Ils agissent sur la synthèse de la mélanine en bloquant l’activité de la tyrosinase ou la transformation oxydative de la DOPA (3-(3,4-dihydroxyphényl-L-alanine). En conséquence, beaucoup d’antioxydants ont des propriétés dépigmentantes.
Les extraits végétaux permettent, dans une certaine mesure, de renforcer l’action de dépigmentants primaires en apportant des arbutosides (arbutine et méthylarbutine). Ce sont les extraits de busserole, d’arbousier, d’airelle…, d’éricacées en général, mais aussi de racine de mûrier et d’épine vinette.
La tolérance de l’acide kojique est actuellement remise en question. Deux études japonaises le citent comme cancérigène pour le foie et la thyroïde. Son utilisation topique est cependant maintenue mais les nouveaux produits dépigmentants commercialisés au Japon ne doivent plus en contenir.
La meilleure tolérance est obtenue avec les dérivés de l’acide ascorbique.
A retenir :
Acide kojique.
4-n-méthylrésorcinol.
Sepiwhite MSH®.
Ascorbyl phosphate de magnésium.
Arbutosides.
Bronzants
Ils sont de moins en moins artificiels puisque le but recherché actuellement est de renforcer la pigmentation par action sur la mélanogenèse ou par apport de précurseurs de l’eumélanine. Néanmoins, les autobronzants sont toujours utilisés.
La Dihydroxyacétone (DHA) ou propane-2-diolone se combine aux acides aminés de la couche cornée pour former des mélanoïdines, polymères colorés du jaune au brun fixés assez solidement à la surface des cornéocytes. La coloration apparaît sans exposition solaire en environ 6 heures et disparaît en fonction de la desquamation. À la différence de l’eumélanine, les mélanoïdines ne sont que très peu protectrices vis-à-vis des ultraviolets A et B, les risques d’érythème solaire sont donc maximaux en l’absence de photoprotecteurs. L’apparition de la coloration est favorisée par la chaleur, la présence d’oxygène et les pH alcalins mais la dégradation de la substance aussi. Il est en conséquence nécessaire de trouver un compromis pour les préparations, gels ou émulsions, qui doivent avoir un pH voisin de 5, ne pas contenir de substances aminées, être conservés à température peu élevée et pendant une saison seulement.
La Tyrosine et ses dérivés sont censés participer à la mélanogenèse. Ils permettent d’obtenir une pigmentation plus rapidement qu’à l’ordinaire à condition d’être suffisamment absorbés par l’épiderme. Ils sont parfois associés à la DHA.
Une mélanine synthétique vient d’être obtenue par des chercheurs de la Yale University. Il s’agit d’une substance biomimétique de la mélanine soluble formée par la dopachrome tautomérase et obtenue par polymérisation de l’aloïne, alcaloïde de l’aloès [57].
Il existe encore bien d’autres actifs utilisables et utilisés en cosmétique. Ce sont des antiseptiques, des astringents, des actifs spécifiques de la fibre capillaire, des vitamines, etc. La recherche concernant les actifs en général est extrêmement dynamique et l’évolution, tant dans la nature des concepts que dans celle des molécules mises sur le marché, est constante.
Source : M.-C. Martini, Ingrédients actifs en cosmétologie in EMC Cosmétologie et Dermatologie esthétique [50-120-A-10]
Post from: Pure Beauté