Clichés I. Rambaud L'histoire du Mont Saint-Michel est connue et rabâchée. Je vous l'épargnerai, on la trouve ailleurs.
Mes cartes postales seront donc plus marginales qu'historiques.
D'ailleurs, l'histoire a bon dos. La "visite historique" mène le touriste dans les plus sombres entrailles du rocher pour des reconstitutions incertaines où on leur fait voir des moines à leur pupitre, des prisonniers au cachot ou des malheureux périssant ensablés dans la baie. A éviter !
Tout comme les marchands du temple qui, entre crêpes et gauffres, proposent leur camelote du meilleur goût à tous les étals : miniatures de l'archange, Vierges en plastique, Tours Eiffel et têtes de mort pour gothiques en manque.
Il n'y a donc que deux attitudes : s'écarter impérativement, prendre les ruelles désertes pour espérer un peu de calme au milieu des hordes ou prendre de la hauteur pour échapper aux foules.
Dans l'église peut-être ? Las ! La Merveille est prise d'assaut par des groupes de touristes russes, on se bouscule, on s'interpelle. Le calme revient à peine devant la chapelle du Saint-Sacrement où une religieuse, écrasée au sol, est en adoration, sans broncher, tournant le dos au foules qui défilent. Comment fait-elle ?
On ressort et l'on en croise une autre en tenue de travail qui par sa seule présence fait revenir l'abbaye aux temps anciens, sans les marchandises qui l'encombrent.
L'église paroissiale offre aussi un peu de calme avec ses bougies colorées qui font flamboyer l'archange. Profitons-en.
Et si l'on prend de la hauteur ? Les traces humaines sont encore là... Une autre surprise attend le touriste hébété par la montée des marches : les graffiti qui s'inscrivent sur le sable mouillé comme autant de déclarations d'amour "Anne, J't'aime", ou militantes : "Vive le socialisme".
Le site est "protégé", patrimoine mondial de l'humanité. Mais la rançon humaine est là aussi. Du haut de la flèche, l'archange continue à foudroyer le démon de son épée de feu. Merci pour votre lecture ! Thank you for reading !