Après 15 années de prison, Juliette, rejetée par sa famille, retrouve sa jeune soeur Léa qui l'accueille au sein de sa famille. Projetée dans un monde de bobos bien pensants où tout est fait pour assurer sa réinsertion, elle reste muette sur l'acte qu'elle a commis dans le passé. Si on apprend très vite qu'elle est une meurtrière ayant tué son enfant de 6 ans, cette première révélation nourrit le film. On s'attache à Juliette (superbe Kristin Scott Thomas), à son droit de revivre après avoir payer sa dette. La force du film réside justement sur ce passé qui se révèle petit à petit sans jamais se dévoiler complétement, sur ce mystère que l'on tente de percer à jour, sur cette femme qui semble résister à toute forme de compassion comme si elle se punissait perpétuellement. Cette charge émotionnelle autour du secret est également portée par Léa / Elsa Zylberstein, la jeune soeur dont la vie entière a été déterminée par l'absente : famille déchirée, renfermée sur son secret, études en opposition à celle de sa soeur, adoption de ses enfants... Elle n'a jamais pu oublier sa soeur, ne pense qu'à l'aider afin de pallier le manque ressenti durant ces 15 années d'absence.
Ceci étant dit, cela reste plaisant à regarder : un beau thème, celui de l'enfermement (la prison pour Juliette, un grand père mutique suite à une attaque, une mère atteinte d'alzheimer et un flic en proie à une solitude qu'il ne peut affronter), une belle interprétation ( César du meilleure second rôle féminin pour Elsa Zylberstein)... Distinguée par le Bafta du meilleur film non anglophone par les anglais, César de la meilleure première oeuvre, ce film sensible et poignant est gaché par une overdose de bons sentiments qui vise à nous arracher des larmes. Trop d'émotions tuant l'émotion, nos yeux restent secs et on sort du visionnage de ce film avec des sentiments mitigés.
Il y a longtemps
que je t'aime de Philippe Claudel
avec Kristin Scott-thomas, Elsa Zylberstein,
Laurent Grevill et Serge Hazanavicius
(France / 2008)
Drame - Durée : 1H55 mn