En septembre 2007, sans autre intention au départ que de me distraire d’un roman en cours d’écriture exigeant des vertus d’application et de concentration dont je suis médiocrement pourvu, j’ai ouvert un blog, quel vilain mot, j’ai donc ouvert un vilain blog et je lui ai donné un vilain titre, L’autofictif, un peu étourdiment et plutôt par dérision envers le genre complaisant de l’autofiction qui excite depuis longtemps ma mauvaise ironie.Aujourd'hui, L’autofictif se poursuit sur Internet. Sinon qu'il fait une pause depuis le 19 avril:
L’autofictif écœuré se taira jusqu’au 29 avril. On profitera de son silence pour relire en hochant la tête le premier volume de ce journal loyalement acquis en librairie.
Il y a (au moins) deux façons de le lire.
Soit on le garde près de soi, sur sa table de nuit, par exemple, et on l'ouvre au hasard quand on y pense. On ne risque pas d'être déçu.
Soit (j'ai fait ainsi, et ce n'est pas plus mal, je vous le confirme) on commence par le commencement et on va jusqu'à la fin. Comme avec un livre normal, en somme, ou au moins un livre qui raconterait une histoire.
Celui-ci en raconte beaucoup, des histoires. De petits éclats de vie qui pourraient être réels, et peut-être le sont. Des bouts de fiction. Des coups de gueule (rares mais toujours pertinents, que j'ai envie d'applaudir). De vagues projets à peine caressés. Quelques poèmes.
Un bric-à-brac marqué du sceau de l'écriture: chaque mot à sa place, toutes les phrases construites - le contraire du laisser-aller qui semble si souvent, et si malheureusement, être la règle dans l'univers du blog. (J'espère que je ne me désigne pas moi-même en disant cela.)
Bref, un livre indispensable.
Ici aussi, c'était un blog - argentin. Mais il reposait sur une imposture puisque l'auteur présumé du blog, Mirta Bertotti, 52 ans, femme au foyer, qui racontait ses tribulations familiales, n'existait pas. Le personnage avait été inventé en 2003 par le romancier.
Pourquoi pas, après tout? Aucune loi n'interdit de publier de la fiction sous forme de blog. Et l'idée d'un feuilleton est plutôt plaisante.
Maintenant, quel genre de feuilleton? Celui-ci utilise les grosses ficelles de tous les problèmes potentiels de cette femme qui déprime avec humour et remonte la pente en pleurant. On croirait presque une télénovela, avec rebondissements à chaque instant et drames à tous les étages.
Pour se distraire, pourquoi pas? Après tout, je ne me suis pas ennuyé en le lisant. Mais je ne suis pas certain que je vais m'en souvenir longtemps.