L’amélioration des résultats des banques est une illusion

Publié le 23 avril 2009 par Vincentpaes


Si la conjoncture mondiale continue à se dégrader, et d’après nos nouvelles estimations, les pertes totales des banques depuis le début de la crise pourraient s’élever à 4508 milliards de dollars sur des actifs originaires des Etats-Unis, et 898 milliards de dollars sur des actifs originaires d’autres parties du monde. Les parts de ces pertes supportées par les banques américaines et européennes s’élèveraient à 2212 et 1607 milliards de dollars respectivement.

L’amélioration des résultats des banques américaines au premier trimestre 2009 reflète une augmentation normale de leurs bénéfices opérationnels dans un contexte de financement à bon marché apporté par la Federal Reserve et les pouvoirs publics, une marge d’intermédiation exceptionnellement élevée, une concurrence amoindrie par la restructuration du secteur, et des commissions importantes permises par la reprise du marché des émissions obligataires d’entreprises. Ces résultats bénéficient également de l’assouplissement des normes sur les dépréciations d’actifs et du recours à des artifices comptables.

Toutefois, les vrais dangers auxquels les banques restent confrontées subsistent et sont liés aux dépréciations de titres et prêts qu’il faut encore comptabiliser. Beaucoup d’actifs issus de la titrisation de prêts toxiques restent inscrits à des niveaux surévalués et les provisions constituées pour pertes potentielles sur les prêts sont trop basses.

Les banques européennes sont quant à elles dans une situation particulièrement difficile du fait de leur exposition conjointe aux actifs toxiques américains et aux prêts à l’Europe de l’Est, ainsi que par des facteurs structurels très désavantageux. Leur taille est souvent disproportionnée par rapport à celle du PIB de leur pays, ce qui les rend globalement difficiles à secourir par les Etats dans un contexte institutionnel complexe qui rend une solution européenne globale incertaine. Leur « leverage ratio » est beaucoup plus élevé que celui des banques américaines. Les banques européennes ont proportionnellement procédé à moins de dépréciations d’actifs dans leurs comptes que celles déjà actées par les banques américaines, ce qui leur laisse encore une grande partie des pertes potentielles à déclarer.

Eric Dor, professeur associé à l'IESEG, School of Management de Lille. 

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