Anna Bravo, femme politicienne à responsabilités, est certaine de connaître à la perfection l'image qu'elle donne d'elle même, et ce depuis toujours. Sa grand-mère, bigote, et son père athé, l'avaient tous deux autrefois prévenue contre le maléfice narcissique des miroirs, appelés au moyen-âge "le vrai cul du diable". Lors d'une exposition, elle acquiert pourtant, comme subjugée, un petit meuble vénitien du XVIIIème siècle qui recèle en son sein une étrange surface réfléchissante. Celle-ci lui transmet en effet, et ce grâce à un savant stratagème, une image réelle d'elle-même, et non l'image inversée que ses congénères lui renvoient d'ordinaire... La vie de la jeune femme va s'en trouver dorénavant complètement bouleversée.
Ce livre était dans ma PAL depuis quelques temps. Je savais déjà que Cuné l'avait trouvé à son goût, il m'était donc plaisant de me dire que j'allais le lire...
J'ai entamé les premières lignes pourtant bien dubitative. Le style de l'auteur m'a semblé tout d'abord peu entraînant, assez moyen, et puis, et puis...j'ai enchaîné les pages et me suis laissée subjuguée par cette histoire d'image de soi, de reflet, et de ce que le regard que l'on porte sur nous peut avoir de troublant, de destructeur et de métamophosant. Nous avons tous et toutes eu ces passages dans notre vie, à l'adolescence, ou après l'arrivée d'un enfant pour les femmes, cette conscience de perdre un peu les contours de notre image, de notre corps... Ici, Anna Bravo est entraînée dans une perte de repères plus fantastique mais dans laquelle on peut trouver quelques échos des nôtres. J'ai pensé aussi aux miroirs de Cocteau et à tous ces mythes qui animent notre imaginaire... Au final, et même si ce livre n'est pas un "grand" livre, voici une lecture bien divertissante !!
Un extrait...
"C'est donc ainsi, se dit-elle, effarée, que je suis vraiment ! C'est ainsi que Noël me perçoit ! Ce miroir, c'est l'oeil de Noël ! Ce miroir, c'est l'oeil de la caméra ! Ce miroir, c'est l'oeil du monde entier ! Les autres ne me voient pas du tout comme j'ai toujours cru qu'ils me voyaient, conclut-elle, bouleversée. Ils ne me voient pas du tout comme je me vois quand je me mire dans ma salle de bain ou devant ma commode. Ils me voient comme je me vois là ! A l'envers ! Ou plutôt à l'endroit ! Car c'est moi qui, d'ordinaire, me vois à l'envers !"
La lecture de Leiloona - Et merci à Solène, et aux éditions du Cherche Midi !