Mardi 21 avril, le président français s'était déplacé à Nice, pour la 4ème fois depuis son élection, pour présenter son 10ème plan en 7 ans contre l'insécurité: celles provoquée par les "bandes" de jeunes, cette fois-ci. La gauche s'est plaint de ce "racolage électoral" facile de la part de celui qui a été aux commandes des forces de l'ordre quasiment sans interruption depuis 2002.
Des lois inutiles ?
Depuis 2002, Nicolas Sarkozy a été prolixe en matière de lois contre l'insécurité: peines planchers, rétention de sureté, sécurité intérieure, prévention de la délinquance, etc. Il reconnaît bien volontiers son "obsession": "Depuis 2002, pas un jour n'est passé sans que je me sois préoccupé comme ministre de l'intérieur, candidat et président de la République de la question de la sécurité. Je lis qu'on parle d'un retour à la sécurité. Mon Dieu, il faudra m'expliquer que j'en étais parti. On m'a tellement fait de reproche sur ma soi-disant obsession sécuritaire, que l'on me dit maintenant que je n'étais plus obsédé du tout."
Les bandes sont le nouveau cheval de bataille du chef de l'Etat: "Le mois prochain sera déposée une proposition de loi. Les magistrats n'auront pas à se poser la question de savoir qui a fait quoi dans la bande. Le simple fait d'appartenir à une bande sera en soi un délit passible de trois ans d'emprisonnement" a-t-il expliqué à Nice. Il s'est aussi répété : depuis 2006, il bégaye à souhait sur l'absence de mort "chez les émeutiers et les forces de l’ordre" en novembre 2005. Ou encore: "Entre 1997 et 2002, la délinquance avait augmenté de 15 %. Entre 2002 et 2008, elle a baissé de 15 %. Les chiffres sont à la disposition de qui le veut". Parlons chiffres, justement. Nicolas Sarkozy est-il autiste ? Ne lit-il pas les rapports de ses propres services ? La délinquance globale a baissé car les atteintes aux biens ont chuté de 22% entre 2003 et 2008. Mais les violences aux personnes ont progressé de 14% !
Devant une telle "incontinence législative" en matière de lutte contre l'insécurité, et si peu de résultats contre la délinquance violente, les syndicats de policiers n'y croient plus. "Le code pénal prévoit déjà les infractions d'attroupement sur la voie publique, et l'attroupement armé." a justifié l'UNSA-Police. Les syndicats sont surtout inquiets des réductions d'effectifs: "Pour régler les problèmes d'insécurité de proximité, il faut des effectifs qui assurent à la fois la prévention et la répression, mais il faut surtout des policiers dehors, dans les rues, poursuit Yannick Danio, alors qu'aujourd'hui on supprime des postes." s'est plaint Yannick Danio, de l'UNSA Police. Les magistrats critiquent également ces diversions médiatiques. Et Philippe Bilger, l'avocat-blogueur peu suspect d'antisarkozysme primaire, fustige le populisme présidentiel.
"L'entrée de la violence dans les écoles est un scandale"
par publicsenat
Des rafles inutiles ?
Autre diversion médiatique, la lutte contre l'immigration clandestine. Mercredi, 24 heures après leur interpellation collective (la langue française appelle cela une "rafle"), les 194 immigrés placés en garde à vue près de Calais ont tous (sauf 9) été relâchés. La veille, Eric Besson s'était déclaré solidaire de cette opération qui visait à détruire des filières de passeurs. Et mercredi, la justice avouait la supercherie: "les enquêteurs vont continuer leur travail mais aucune charge ne permettait de dire que telle ou telle personne était un passeur", a expliqué le procureur, Jean-Philippe Joubert. Le ministre de l'identité nationale semble battre en retraite: il a prévu d'annoncer des "mesures légères" lors de son déplacement jeudi dans la région: "Je vais annoncer, demain, un certain nombre de mesures légères, des mesures qui permettent de mieux traiter les personnes qui se trouvent en situation irrégulière, sans installer quoi que ce soit en dur" (...) "Nous luttons contre les passeurs, pas contres migrants".
Les sujets que Sarkozy évite
Cette semaine, Nicolas Sarkozy aurait pu choisir d'autres sujets: il a ainsi préféré renoncer à se déplacer, "pour le moment", en Guadeloupe et en Martinique, pour inaugurer comme il l'avait promis, les "Etats Généraux de l'Outre Mer". Ce cycle de débats collectifs a été lancé ... à Paris, place Beauveau, par la Ministre de l'Intérieur.
Nicolas Sarkozy n'a pas non plus jugé utile de reprendre un dialogue social direct, comme il l'avait fait en février dernier. Pourtant, les dérapages se multiplient dans les entreprises, signes d'une exaspération évidente des salariés confrontés à des plans sociaux insuffisamment négociés par leurs direction. Le saccage de quelques bureaux de la sous-préfecture de Compiègne mardi 21 avril n'a appelé qu'une réponse de fermeté de la part de François Fillon, interrogé sur France Inter le lendemain. Et il a parlé de "prise d'otage" concernant la séquestration nocturne de deux cadres dirigeants de Molex par leurs salariés à Villemur-sur-Tarn.
Nicolas Sarkozy préfère-t-il éviter certains sujets ?
Sarkozy communique de nouveau sur l'insecurite
par politistution