5 à 7 au 26ème Salon international du Livre et de la Presse de Genève

Publié le 22 avril 2009 par Francisrichard @francisrichard

Après le travail j'ai fait un saut aujourd'hui au Salon international du Livre et de la Presse ( ici ) de Genève. Un véritable 5 à 7. Ce qui laisse peu de temps pour visiter un salon riche de 720 exposants, de toute taille. C'est juste suffisant pour s'imprégner d'une atmosphère.
Sans raconter ma vie je n'avais malheureusement pas d'autre créneau qu'aujourd'hui, le premier jour de ce salon, pour m'y rendre. Il ne se déroule, hélas, que sur 5 jours et, y compris, un seul week-end. Comme j'avais été empêché de visiter celui de Paris, je ne voulais pas laisser passer cette occasion de me heurter à cet objet qu'est le livre, présent lors de telles manifestations à des milliers d'exemplaires.
Rien, à mes yeux, ne remplacera jamais le livre, qui est pour moi plus qu'un objet. Je sais qu'il existe déjà de véritables bibliothèques ambulantes avec des écrans qui ressemblent comme deux feuilles de papier à un livre. Mais il manquera toujours ce contact voluptueux avec le papier justement, ce toucher qui établit la communication du corps avec l'esprit. Ce qui ne m'empêche pas de tenir un blog ... dont le papier est cruellement absent. Mais je ne suis qu'un artisan sans papiers...
J'ai un tel respect pour le livre que je souffre littéralement de tout dommage qui lui est infligé. Quand j'ai visité l'exposition Valadon-Utrillo, à la Pinacothèque de Paris , l'autre samedi, j'ai été trempé comme une soupe. Dans la poche de ma parka j'avais bien évidemment un livre ... de poche, le dernier Grisham, The Appeal, paru dans ce format. Il était aussi trempé que moi. La personne qui m'accompagnait, constatant qu'il ne s'agissait que d'un livre de poche, m'a dit que ce n'était pas grave. Je l'ai fusillée du regard, mais je ne suis pas sûr qu'elle s'en soit rendu compte, au milieu de la foule des visiteurs.
Quand un livre sort de mes mains, après lecture, il est en aussi bon état que lorsqu'il se trouvait sur le rayon de la librairie où je l'ai déniché. Car je voue un véritable culte aux livres, sans doute maladif. Je crois n'avoir jamais écrit un seul traître mot sur une page d'un livre et n'ai jamais admis d'ailleurs qu'y figure d'autres mots que ceux de la dédicace d'un auteur. J'ai, Dieu merci, une véritable collection de livres dédicacés, chaque dédicace associée à une rencontre mémorable et ce sont souvent les seules traces qui témoignent que le livre a été pris un jour entre des mains. 

Il y a quelques semaines une jeune enseignante, assise à mon côté dans le TGV Lausanne-Paris, au demeurant bien sympathique, ne s'est pas rendu compte combien je souffrais intérieurement de la voir griffonner des phrases sur les pages du livre qu'elle lisait. Elle étudiait, semble-t-il, mais ce n'est pas pour moi une excuse. Quand je prends des notes je le fais sur un cahier d'écolier à spirales, comme dans mon enfance. Est-ce grave docteur ? Qu'importe, puisque je n'ai pas l'intention de me soigner...

Au Salon  il y avait tous les grands éditeurs parisiens.C'est-à-dire les deux grands groupes français et ... Gallimard. J'ai été ravi de voir qu'en dehors des maisons d'éditions suisses que je connais telles que Slatkine, l'Aire, Campiche, Zoé ou Favre, il y a d'autres maisons plus modestes mais qui avaient tenu à être présentes, quitte à se regouper sur le même stand. A celui de L'Age d'Homme j'ai complété quelque peu ma collection du Poche Suisse.
Vladimir Dimitrijevic était là. Comme dans le lot de mes acquisitions figurait Personne déplacée, cosigné par lui et Jean-Louis Kuffer, le jeune vendeur m'a proposé de me le faire dédicacer par le patron de la maison. Vladimir et moi avons alors discuté. Je lui ai dit que j'appréciais beaucoup les livres qui paraissaient chez lui et que j'avais eu l'occasion d'approcher quelquefois un de ses auteurs, en l'occurrence Vladimir Volkoff, un autre Vladimir, et que nos voix s'étaient même côtoyées quelques temps sur Radio Silenceici ). Il n'en a pas fallu plus pour qu'il me fasse une dédicace que j'espère personnalisée et pour qu'il m'offre un livre de science-fiction de Volkoff que je ne connaissais pas, La guerre des pieuvres.

En me rendant au stand du Passe-Muraille - allusion à Marcel Aymé ? - j'espérais bien voir Jean-Louis Kuffer, le responsable de la revue. Mais seule une jeune femme assurait la permanence, en faisant du tricot pendant que je me plongeais dans la lecture d'un numéro de 2003. J'ai en effet une vieille dette envers Jean-Louis Kuffer. En décembre 1973, il m'a envoyé son premier livre, dédicacé, O terrible, terrible Jeunesse ! Coeur vide !,  "en souvenir de certaine antre rue Le Marois", que nous avions tous deux fréquentée. Or je ne l'ai jamais remercié. Pas bien, comme il dit dans la post-face de la réédition 2008 de Personne déplacée.


Jouxtant le Salon du Livre proprement dit il y a une exposition d'oeuvres des trois Giacometti : Giovanni, Alberto et Diego, les deux derniers étant les fils du premier. Giovanni est un peintre, dont les toiles sont inégales mais les aquarelles beaucoup plus égales. Alberto est le sculpteur bien connu dont les personnages sont en général efflanqués. Diego a réalisé des pieds de tables en bronze tourmentés. Des oeuvres présentées, dans l'ordre d'apparition au monde des artistes, je recommande La tonnelle de Stampa de Giovanni, La tête de Bruno d'Alberto et La lionne de Diego.


Proche de l'exposition Les Giacometti, il y avait Zizi sexuel, l'expo. Je ne l'ai pas vue. Elle fermait une demi-heure plus tôt que le salon et je suis arrivé pour l'extinction ... des cierges. Je ne crois pas avoir manqué grand chose. Je ne peux rien en dire, mais seulement signalé ce que j'ai lu dans La Tribune de Genève dans le train de retour à Lausanne : 

Pour Michaël [10-12 ans] : "C'était bien mais il y avait aussi des trucs trop dégueu." Comme la pénétration et les baisers où "on tournait dans la langue de l'autre dans du caoutchouc".


Sans avoir vu l'expo, mais après avoir lu le livre, Marc Bonnant, dans Le Matin du 3 avril dernier déclarait ( ici ) :
Il faut bien sûr dire aux jeunes qu’il y a des risques à la sexualité plurielle et débridée. Mais je trouve assez faux de parler d’une sexualité libérée sans évoquer ne serait-ce que l’hypothèse d’une sexualité qui s’inscrit totalement dans un rapport d’amour et de fidélité. Ce pan de la beauté, de la poésie, du sacré me semble totalement occulté par cette approche quasi clinique, physiologique, dépouillée et plombière! Bon Dieu, on n’est pas seulement un ensemble de muqueuse, d’organes, de sécrétions.
Lors de mon passage au salon, consacré également à la presse, L'Illustré, La Tribune de Genève et Le Matin, datés de ce jour, m'ont été généreusement distribués, ce qui a agrémenté mon voyage de retour en train.
Dans L'Illustré j'ai pu regarder les photos du mariage heureux de Mirka et Roger Federer, preuves que la sexualité ne se résume pas à de la tuyauterie, comme le dit Marc Bonnant.
Dans La Tribune de Genève j'ai pu relever cette perle à propos des pistolets électriques dont la police genevoise vient de s'équiper :


Depuis hier, le groupe d'intervention de la gendarmerie dispose de trois Taser, un pistolet de "neutralisation momentanée". Fonctionnant à faible ampère (intensité [sic] de 50 000 volts), cette arme permet en effet de paralyser temporairement la personne visée.
Dans Le Matin j'ai pu lire comment s'était déroulé l'entretien accordé par le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad à Darius Rochebin lors du "19.30" de lundi dernier sur TSR1. Le journaliste du Matin , Fabian Muhieddine, demande :
Quelles ont été vos impressions pendant l'interview ? Notamment quand Mahmoud Ahmadinejad a parlé de la condition ... atroce des femmes en Occident.

Réponse de Darius Rochebin :


J'étais estomaqué. Mais c'était un moment très révélateur. Il montre à quel point il vit dans un système de pensée loin du nôtre. Comme quand il m'a dit : "Qu'est-ce qui vous dérange dans la lapidation ?

C'est sur cette bonne question que mon train inter-régional est entré en gare de Lausanne ...
Francis Richard