Le Projet de résolution de la Conférence d’examen de Durban – qui se tiendra à Genève, en Suisse – ne comporte aucune référence aux Palestiniens, ni à la Palestine, pas plus qu’à Israël et à l’occupation de territoires palestiniens par ce pays. Toutes les références de cette nature ont été supprimées d’un premier projet de document, au mois de mars, par le Comité de Préparation de la conférence.
D’après son site web officiel, cette conférence a pour finalité d’ « évaluer les progrès vers les objectifs fixés par la Conférence mondiale contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance, à Durban, en Afrique du Sud, en 2001 ».
Ladite conférence s’était terminée dans la controverse, les USA et Israël en ayant claqué la porte afin de protester contre des tentatives de dénoncer Israël en tant qu’auteur d’une politique raciste.
Dans une lettre ouverte signée par une cinquantaine d’organisations de défense des droits humains palestiniennes, arabes et internationales, il est mentionné que « cette initiative (de supprimer toute référence à la Palestine ) a été – malheureusement – approuvée par des délégations arabes officielles à Genève, dont la Mission permanente d’observation de la Palestine auprès de l’Office des Nations Unies à Genève. »
Cette lettre accuse les diplomates palestiniens et arabes d’avoir capitulé devant la menace de boycotter la conférence proférée par les USA, Israël, le Canada et les pays européens, en supprimant toute allusion à Israël et aux Palestiniens.
Cette concession n’a toutefois pas suffi à persuader les USA, le Canada, l’Italie et Israël de revenir sur leur décision de boycotter la conférence. Les associations de la société civile disent que les diplomates de l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP) ont renoncé à leur principal atout de marchandage contre un plat de lentilles.
Une des organisations signataires de cette lettre, le BADIL Resource Center for Palestinian Residency and Refugee Rights, basé à Bethléem, a accusé la délégation palestinienne à l’ONU de « saper en permanence » le travail des associations de défense des droits de l’homme visant à faire de la lutte des Palestiniens une partie constitutive consensuelle du combat contre le racisme.
La présidente de Badil, Ingrid Jaradat Gassner, a dit que la délégation palestinienne aurait dû mobiliser d’autres diplomates arabes et africains, dans « un effort conjoint visant à insérer des propos utiles dans le projet » et organiser une « résistance et une protestation coordonnées contre la suppression de la Palestine dudit projet de résolution ».
À la question de savoir pour quelle raison les négociateurs palestiniens avaient accepté la suppression de leur propre peuple de l’ordre du jour, le chef de la mission de l’OLP près de l’ONU, à Genève, Ibrahim Khraishi, a déclaré à l’agence Ma’an que « la décision avait été prise par tous les groupes » de supprimer toute référence à des pays en particulier. « Certains représentants africains ne veulent pas que certains pays africains soient mentionnés… comme le Soudan. L’Europe ne veut pas qu’Israël soit mentionné… Nous ne voulons singulariser aucun pays, comprenez-vous ? »
« Cette histoire, là, selon laquelle la Palestine aurait été supprimée du projet de résolution, ça n’est pas vrai », a-t-il ajouté, arguant du fait que le simple fait que les objectifs du document adopté en 2001 soient réaffirmés impliquerait que la Palestine serait évoquée de manière implicite dans le projet.
À la question de savoir pourquoi les USA, le Canada et l’Italie persistent à boycotter la conférence, en dépit de la suppression de toute référence à Israël et aux Palestiniens, M. Khraishi a répondu que ces pays recherchent, en réalité, d’autres concessions ; ils exigent de facto que la conférence d’examen de Durban ne s’aligne pas sur les objectifs dégagés à Durban en 2001.
Dans leurs déclarations publiques, les USA ont indiqué qu’ils soutiennent cet objectif apparemment contradictoire de nier rétrospectivement les orientations données par la conférence de Durban.
Dans une déclaration faite mardi dernier, le Département d’État a dit : « Nous saluons le récent progrès… dans la rédaction du document, qui a supprimé tout propos singularisant un pays ou un conflit, toute terminologie impliquant un concept de « diffamation d’une religion », ainsi que toutes les exigences de réparation au profit des victimes de l’esclavage. »
« Certains éléments demeurent cependant dans le texte actuel du projet, qui continuent à poser des problèmes importants », poursuivait la déclaration. « Les USA pensent que pour être viable, tout projet de résolution de la Conférence d’examen doit être résumé et ne pas réaffirmer dans sa totalité la Déclaration et le Programme d’Action (DDPA)défectueux de Durban 2001. »
Interrogé sur cet énoncé des exigences usaméricaines, Mme Jaradat, présidente de Badil, a dit que le fait de ne pas avaliser le document de 2001 « équivaudrait carrément à ne pas tenir la conférence de Genève ».
M. Khraishi a quant à lui précisé qu’il ne savait pas exactement quelles conditions devaient être remplies pour persuader les USA de participer à la conférence, mais il a dit que la délégation usaméricaine « attendait des instructions de Washington », et spécifiquement de la secrétaire d’État Hillary Clinton.
L’essentiel, a prétendu M. Khraishi, c’est qu’ « il est impossible de mentionner la Palestine et Israël ». Il a invoqué le fait qu’une tentative d’insérer in extremis un passage faisant référence à une « occupation de soixante années » s’était heurtée au veto usaméricain.
M. Khraishi n’a pas non plus écarté la possibilité que la dernière journée des réunions préliminaires, vendredi, puisse amener de nouvelles modifications. Il a indiqué que le ministre des Affaires étrangères de l’ Autorité palestinienne, M. Riyad Al Maliki était dans l’avion, et qu’il venait à Genève afin de s’adresser au comité préparatoire de la conférence.
Les délégations au sommet de Durban, en 2001, avaient fini par adopter un document intitulé Déclaration et Programme d’Action (DDPA), qui stipule, à son article 63 : « Nous sommes préoccupés par le calvaire du peuple palestinien sous le joug d’une occupation étrangère », et « nous reconnaissons le droit inaliénable du peuple palestinien à l’autodétermination et à l’instauration d’un État indépendant ». L’article 64 appelle « à une paix juste, globale et durable dans la région [du Moyen-Orient] ».
Les Palestiniens figurent, dans ce document, dans une liste de « victimes du racisme, de la discrimination raciale, de la xénophobie et de l’intolérance connexe ». Dans cette seule section sont mentionnés divers peuples, dont « les peuples africains et les peuples d’origine africaine, les Asiatiques, les réfugiés, les demandeurs d’asile, les personnes déplacées, les populations métisses des Amériques, les Rom/Tziganes/Sinti/Gens du voyage, les femmes et les personnes infectées ou affectées par le virus du sida (HIV) ». La même section du document déclare que « l’Holocauste ne doit jamais être oublié. »
Le projet de document de la conférence de 2009, qui ne comporte plus que dix-sept pages, a fait sauter toute référence non seulement aux Palestiniens, mais aussi à la plupart des autres populations spécifiques. Sa version la plus récente continue à en appeler à la remémoration de l’Holocauste, ainsi qu’à la lutte contre les « idéologies néonazie, néofasciste » ainsi que contre toutes les idéologies prônant la violence. Le document comporte une unique référence (non spécifiée, NdT) à une « occupation étrangère », en association avec le racisme.
Les Palestiniens ayant été ainsi rayés du programme, Badil et ses partenaires sont en train d’organiser une « Conférence d’examen d’Israël », qui permettra aux organisations de la société civile de mettre en débat des analyses et des stratégies de la lutte contre « l’apartheid, le colonialisme et l’occupation. »
Par Ma’an News Agency / 22 avril 2009 / Altermonde-levillage
Source : Rights groups : PLO bowed to US boycott over UN racism conference
Traduction Marcel Charbonnier révisé par Fausto Giudice
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