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Ils mourront tous sauf moi !

Par Rob Gordon
ILS MOURRONT TOUS SAUF MOI !Ils mourront tous sauf moi ! est une chronique sur le passage de l'adolescence à l'âge adulte. Une de plus ? Pas du tout. Car les souvenirs de la jeune réalisatrice sont encore frais, et qu'elle parvient à atteindre une sorte de vérité absolue avec un minimum de moyens. Valeria Gaï Guermanika est une incroyable révélation, parvenant à redorer le blason d'un genre qu'on croyait usé jusqu'à la corde. Elle a l'intelligence de se limiter à un point de vue qu'elle connaît, celui des jeunes filles, les garçons n'étant que des personnages secondaires - mais indispensables à l'épanouissement de ces demoiselles.
Alcool, sexe, profs barbants, parents chiants : Ils mourront tous sauf moi ! ne prétend pas aborder des thèmes forcément neufs. C'est juste que le traitement est à la fois extrêmement drôle (pied de nez aux teen movies français, souvent aussi gras que sinistres) et d'une cruauté sans nom. Les ados, et particulièrement les filles puisque c'est à elles qu'on s'intéresse, sont des monuments de méchanceté, absolument ravis dès qu'ils ont la possibilité d'humilier un(e) camarade qui les indiffère ou les exaspère. Par les mots ou par les gestes (une scène de baston féminine juste tétanisante), et par l'entremise d'un filmage cru et réaliste, Guermanika saisit l'essence même d'un âge charnière où chacun peut devenir le roi de la basse-cour ou une sous-merde méprisable.
Même s'il ménage quelques moments de répit, notamment dans sa description de l'amitié des trois héroïnes (qui connaîtra cependant des hauts et des bas), le film est généralement impitoyable dans sa peinture de la société actuelle, montrant que les parents ne valent pas mieux que leur progéniture souvent livrée à elle-même. Alcool, plats peu ragoûtants et world music bruyante achèvent d'ancrer les situations dans un climat typiquement russe, stéréotypé sur le papier mais criant de vérité au final. À 23 ans, la réalisatrice fait preuve d'une absence d'illusions plombante, mais toujours nuancé par la vigueur de la mise en scène. Ça s'appelle la maturité.
8/10
(également publié sur Écran Large)
(autre critique sur Tadah ! Blog)

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