Nouvelle polémique sur le net avec Cyrielle qui avoue très courageusement publiquement ne pas être satisfaite du résultat du travail qu'elle a fourni pour son livre sur la pâte à choux et qui explique ses raisons.
Depuis, la blogosphère et facebook se sont enflamés et j'ai malheureusement lu beaucoup d'énormités (comme quoi elle cherchait à se faire de la pub, comme quoi après tout elle savait ce qui allait se passer puisqu'elle avait conclu un contrat avec son éditeur et d'autres...).
Précision: cet éditeur a en premier édité Anne (papilles) et Mercotte
qui ont vite claqué la porte. C'est à ce moment que Mamina a été
recrutée et qu'elle a démarché Cyrielle et Dorian par exemple.
Il
faut savoir que cela s'est passé il y a plusieurs mois et que pour en
avoir discuté avec eux à l'époque puis à la sortie du livre, ils
n'avaient aucune idée que cela pouvait aller aussi loin et aussi mal.
Ils ont légitimement pensé que les 2 premiers livres avaient en quelque sorte essuyé les plâtres que les défauts seraient comme il est d'usage corrigés par la suite.
Non
les "contrats" entre auteur et éditeur ne sont pas précis sur le contenu ou le caractère
qualitatif de l'ouvrage publié.
En tant que plus importante libraire française spécialisée en gastronomie, je pense avoir la légitimité pour mettre les choses au point et réveler qu'en février dernier, j'ai "expulsé" de ma librairie toute la collection Eurofina pour les raisons que j'ai exposé au distributeur Ouest France dans le courrier dont voici la copie.
&
Paris le 20 février 2009
Monsieur,
Je viens de recevoir les dernières nouveautés de l'éditeur Eurofina et je me vois dans l'obligation de les retourner.
En effet, ces livres sont strictement invendables dans ma Librairie, qui est connue dans le monde entier depuis plus de 20 ans dans le domaine de la gastronomie.
J'ai pourtant joué le jeu depuis la création de la thématique cuisine chez cet éditeur mais je ne vais malheureusement pas pouvoir continuer pour plusieurs raisons:
Premièrement, ne s'improvise pas auteur de livre de cuisine qui veut, et surtout ne s'improvise pas styliste culinaire et photographe culinaire qui veut. A l'heure où l'image prend une importance grandissante chez le client (peut être démesurée mais là n'est pas le débat), il est en effet impossible pour un libraire sérieux de proposer des livres non seulement écrits par des amateurs (cela ne poserait pas de problème en soi si les recettes sont bonnes) mais surtout illustrés par leurs soins.
Les photos du livre sur les légumes avec les enfants sont absolument catastrophiques, les plats apparaissent tous jaunis du fait d'une utilisation non maitrisée du flash, le stylisme est inexistant et cela n'est pas vendeur, surtout pour un ouvrage qui a vocation à aider les parents à faire manger des légumes à leurs enfants
la couverture du livre sur les cupcakes pourrait sortir d'une édition indienne des années 70 tellement elle est saturée de rose fushia. Or ce livre est directement en concurrence avec des titres similaires chez Marabout ou encore Dormonval et ne peut pas soutenir la comparaison.
L'idée du livre sur les fougasses était très bonne mais là encore, impossible de vendre le livre avec une telle couverture et avec des photos d'un amateurisme stupéfiant.
un tel amateurisme se retrouve d'ailleurs plus ou moins dans tous les titres culinaires de la collection.
Deuxièmement, le prix du livre est en inadéquation totale avec la réalité du marché: 12€ pour 30 recettes dans un format souple; c'est dur à accepter pour un client à l'heure où tous les éditeurs proposent un format identique cartonné entre 5 et 8€.
C'est d'autant plus difficile à expliquer au client que les photos semblent prises sur le coin de la table d'une cuisine familiale avec un appareil basse gamme.
Troisièmement, le au soi disant label « la crème des blogs sélectionnée par Mamina » n'est pas du tout une incitation à l'achat: pourquoi payer alors que l'on retrouve des recettes quasiment identiques gratuitement sur le blog de l'auteur? Et que l'on comprend donc bien qu'il n'y a rien de professionnel derrière.
Qu'un éditeur peu scrupuleux n'hésite pas à se servir de personnes en mal de notoriété en leur faisant miroiter un « statut » d'auteur de livre de cuisine, c'est une chose.
Qu'il les sous paye, les exploite en leur faisant écrire les textes, faire le stylisme et les photos et ne crédite donc pas de professionnels (sans doute pour une meilleure rentabilité) en est une autre. Les plus sérieux d'entres eux (Mercotte, Anne Lataillade ou encre Dorian Nieto) ont d'ailleurs décidé de ne jamais retravailler avec cet éditeur, ce qui prouve bien qu'il y a un problème.
Mais que Ouest France Edilarge, maison connue pour son édition culinaire sérieuse et qualitative se prête au jeu de cette mascarade, j'avoue avoir du mal à le croire et à le comprendre.
En conséquence, vous trouverez ci joint l'intégralité de la collection square des loisirs que j'avais en stock. Vous verrez d'ailleurs en analysant ce retour au regard des commandes passées avec mon représentant qu'à l'exception du titre sur les pains, les autres ne se sont pas vendus.
Merci de bien vouloir procéder à l'annulation des titres travaillés à l'office pour le mois de mars car je ne souhaite plus proposer un tel éditeur à la vente.
Très cordialement,
Déborah Dupont
Certes les auteurs savaient à quel tarif le livre serait vendu et
qu'elle serait leur rémunération, mais ça s'arrête là....
Donc
tu peux être ok pour écrire 30 recettes pour 5% des ventes et ne pas
être remboursé de tes frais sans pour autant cautionner le fait
d'arnaquer le lecteur par rapport à ce qui se fait sur le marché.
Et le dire haut et fort. Le débat est ouvert...
Le débat est ouvert...