Nëggus
Last Poets "Made in Amerikkka"
C’est à toi que je parle, jeune amateur de rap qui croit que ta musique préférée est née avec Skyrock, cette radio de petits commerciaux blancs, avec ses hits frelatés, ses pauvres MC bouffons qui diluent leur rage dans le R&B guimauve et qui ne rêvent que d’un Hummer et d’une place au carré VIP d’une boîte des Champs.
Et bien non, le rap a pour ancêtres de joyeux septuagénaires de Harlem qui se foutent des 4x4 et des privilèges factices, les Last Poets qui, à la fin des années 60, ont eu l’idée de mêler les rythmiques de percus africaines et une poésie slammée, et ce quelques décennies avant les stars désormais reconnues du genre.
C’est aussi à toi que je parle, toi le nostalgique de 68, pour qui cette période évoque une bande d’étudiants utopiques menée par un rouquin devenu député européen néolibéral, une joyeuse minorité qui faillit changer le monde.
Ce n’est pas totalement faux, mais 68 fut aussi, au lendemain de l’assassinat du Pasteur Luther King, l’année d’une radicalisation des mouvements noirs aux Etats Unis mais aussi de leur conscientisation à laquelle participèrent largement… les mêmes Last Poets. | suite © Claude Santiago |
Réalisation : Claude Santiago