C’est le dernier grand jeu des petits salons parisiens : à quelle victime des piques sarkozyennes Ségolène Royal va-t-elle bien pouvoir présenter ses excuses ? Aux dernières rumeurs, le collège des ministres, souvent brocardés par le président, tiendrait la corde.
L’ancienne candidate socialiste à l’élection présidentielle aurait envisagé de les haranguer ce matin devant l’Elysée, à la sortie du conseil. Le « pauv’con » du Salon de l’agriculture 2008 a été écarté pour manque d’envergure. Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, allègrement piétiné par le maître de l’Elysée, n’aurait pas été jugé assez visible. Tout comme l’actuel locataire de l’hôtel Matignon, un certain François Fillon.
Mais d’autres joueurs, eux, remarquent que la politique française ressemble de plus en plus à une partie de cartes. Ou de tarot, pour être plus précis. Car dans ce jeu, la carte de l’excuse joue un rôle crucial. Il y a bien sûr des cartes classiques, de l’as au roi. Il y a aussi des atouts, numérotés de 1 à 21, qui gagnent toujours sur les autres cartes - un peu comme les décideurs politiques qui peuvent toujours trancher le débat. Le premier et le dernier atout (et aussi l’excuse) rapportent davantage de points que les autres. Le numéro 1 s’appelle « le petit » et le numéro 21 est évidemment le plus grand - un peu comme dans la vie politique française, où nous avons un numéro 1 petit par sa cote de popularité et un ancien président au sommet, toujours par sa cote de popularité. Et puis il y a l’excuse, ornée d’une étoile - Ségolène croit en la sienne - et d’un joueur de mandoline - un instrument de musique « à caisse de résonance bombée et à cordes pincées », selon le dictionnaire - on croirait lire une description de la communication de madame Royal. C’est une carte un peu magique, l’elfe du jeu. Dans une partie, son maniement révèle la finesse de son détenteur. Il peut se justifier dans des circonstances très variées. Comme le précise l’article « tarot » de l’encyclopédie en ligne Wikipedia, un joueur peut par exemple « utiliser l’excuse pour cacher provisoirement l’absence d’atouts majeurs ». Là encore, on s’y croirait. Sauf que, manifestement, la présidente de Poitou-Charentes ne sait pas jouer au tarot. Car on ne peut y jouer la carte de l’excuse qu’une seule fois.