Un adepte de la libération des femmes au 76 rue Rochechouart

Par Bernard Vassor

Le séducteur aux 283 femmes… plus fort que don Juan et Casanova !!!

Giaccomo Casanova de Seingalt (un amateur à côté du sieur de Gambais)

 

Le 12 avril 1919, des policiers de la «Brigade du tigre» se présentent au domicile d’un certain Lucien Guillet pour l’interroger. Il s’habille, embrasse sa maîtresse Fernande Segret et lui annonce qu’il sera bientôt de retour. Mis en garde à vue quai des Orfèvres, il se dit marchand de meubles, mais le sommier de la police révèle sa véritable identité, et plusieurs condamnations pour escroquerie. Après un interrogatoire sommaire l’homme s’endormit comme un enfant. Dans des papiers saisis chez lui, on découvrit dans un carnet une comptabilité étrange. A côté du nom d’une femme disparue, la mention : train pour Gambais, un aller retour 3,80 f, un aller simple 2,40 f.

C’est le début de l’affaire Henri-Désiré Landru, qui devient si populaire qu’il reçut des dizaines de lettres de femmes par semaine, certaines le condamnant , mais d’autres le demandant en mariage !

A un policier qui s'étonnait de le voir pleurer, il répondit qu'il avait de la peine, parce que sa compagne allait apprendre qu'il la trompait.......

 Le Canard enchaîné alla jusqu’à titrer en une : «Clemenceau lance le traité de paix pour détourner l’attention de l’affaire Landru » Les policiers découvrent les moyens utilisés par Henri--Désiré pour séduire des veuves qui étaient nombreuses après la guerre, en général au moyen de petites annonces passées dans des agences matrimoniales. Petit à petit, on découvre qu’un grand nombre de femmes disparues ont fait l’aller simple pour Gambais. Landru en quelques années a acheté plus de 70 scies à métaux et à bûches, le nom des victimes étant associé à chaque achat. Dans sa cave, une cuisinière contient des agrafes, des épingles des morceaux de corset et des boutons calcinés. Dans le hangar attenant, la police trouve plus de 4 kilos d’ossements humains, ainsi que des dents. Le procès qui s’ouvrit en novembre 1921 à Versailles, Landru chercha moins à éviter la guillotine, qu’à organiser un spectacle qui attira le tout-Paris : «une exhibition de fourrures, chinchillas et zibelines, des poitrines nacrées, des lèvres peintes réprimant mal des petits rires (…)un public venu là poussé par une sorte d’attirance morbide. La Cour d’Assises a l’aspect pittoresque d’un dancing » Parmi les spectateurs les plus assidus, on y côtoyait Colette, Raimu, et Maurice Chevalier.

Le 21 février 1922, Landru qui a nié les faits jusqu’au bout fut guillotiné à Versailles.