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Casanearshore : la vitrine de l’offshore à la marocaine

Publié le 22 avril 2009 par Igrec

“Dans la médina, rien n’a changé à part l’arrivée de l’ADSL”. La phrase est de Yves Poll, ce Belge qui a fondé Fedaso et particulièrement son centre de production marocain voici 14 ans. Elle s’applique à la vieille ville de Fès, un des centres médiévaux les mieux conservés du monde musulman et inscrit depuis les années 70 au patrimoine de l’Unesco. Du côté de la ville nouvelle, celle construite du temps du protectorat français - Fès ayant la particularité d’être la réunion de trois centres datant d’époques différentes -, les changements sont plus apparents. Avec notamment une extension rapide - et souvent anarchique - de l’urbanisme, mais aussi l’ouverture d’un grand nombre de centres de formation d’enseignement supérieur et une omniprésence (publicitaire au moins) des télécoms et des nouvelles technologies.

Incontestablement, comme l’expliquait d’ailleurs récemment un éditorialiste de la presse locale, les nouvelles technologies ont un impact important sur la vie des marocains. Notamment sur les jeunes, très nombreux dans la population. La tendance déjà sensible à Fès - que je n’avais plus visité depuis près de dix ans - est encore plus claire à Casablanca, la capitale économique du pays où je suis arrivé hier.

Comme à La Défense, les palmiers en plus

L’exemple le plus frappant est bien sûr Casanearshore, une des deux zones déjà sorties de terre et toute entière vouée à l’offshore. Même si le site est encore en travaux, d’autres tranches devant encore être livrées derrière les deux bâtiments positionnés de part et d’autre de l’entrée. Campus à l’américaine, immeubles de verre, sécurité à l’entrée de la zone : située à l’extérieur de la ville et près de l’aéroport, Casanearshore est le pôle offshore vitrine du royaume, mais il se vit comme hors du Maroc.

Manifestement, l’exemple indien, avec ses SSII étalant leurs campus pharaoniques dans un pays où le boom économique ne profite pas à toute la population (et c’est un euphémisme), a inspiré les autorités marocaines. Le site a tout pour rassurer un donneur d’ordre français venu pour la journée visiter les installations d’un prestataire : il y retrouvera les repères des quartiers d’affaires européens, les palmiers en plus. Comme en Inde encore, les sociétés installées sur place affrètent des bus privés pour amener leurs salariés depuis le centre (compter 30 minutes de trajet). C’est que, en dépit des assurances données par nos interlocuteurs et malgré la jeunesse de la population marocaine, une certaine tension sur les compétences clefs est clairement perceptible. Par exemple sur les profils d’ingénieurs IT en ce moment. Mais j’aurai l’occasion d’y revenir…

Chef de projet : 2 000 euros nets par mois

Ces transports dédiés sont par exemple utilisés par Outsourcia, une société créée en 2003 qui vient de s’installer à Casanearshore. Ce prestataire, spécialisé dans les centres d’appel (400 positions) qui s’est étendu aux activités de BPO et de développement informatique, comptait déjà deux centres de production à Casablanca. Et vient d’en installer un troisième au sein de la zone Casanearshore. Selon son directeur général, Youssef Chraibi, un Marocain qui a fait ses études en France et y a fait fortune aux côtés de Loïc Le Meur, l’installation sur le site ouvre droit à des mesures incitatives du gouvernement : outre l’exonération d’impôt sur les sociétés - une mesure qui préexistait et qui concerne toutes les sociétés exportatrices de biens ou services installées au Maroc -, il cite les aides à la formation attribuées aux salariés (jusqu’à 3 000 euros par an) et le plafonnement de l’impôt sur le revenu à 20 % (prélevé à la source au Maroc). Une mesure très avantageuse pour l’encadrement et les dirigeants des sociétés. Mais qui n’empêche pas les salaires sur ces profils de flamber. Selon Youssef Chraibi, un chef de projet IT peut prétendre à un salaire de 2 000 euros nets par mois.

Lire mes deux précédents billets sur le développement de l’offshore au Maroc :

- Le Maroc sent venir la crise et compte sur l’offshore

- Le Maroc et l’offshore : premiers contacts


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