C'est la crise, les cadres au chômage poussent la chansonnette...

Par Schlabaya
Bien que cet article traite d'une chanson, j'ai préféré ne pas le ranger dans la catégorie "musique", vous allez comprendre pourquoi...
Puisque la dernière mode en matière de recherche d'emploi est la candidature vidéo par internet, certains cherchent à se faire remarquer par ce biais. C'est le cas de Stivostin, chef de projet au chômage, qui a choisi de postuler à un nouveau job en musique. Il explique ainsi sa démarche :

"Je veux travailler" part d'un constat simple : être bon dans son job ne suffit pas pour se faire remarquer. Il faut aussi le petit truc en plus qui va vous faire sortir du lot. En quittant ma précédente boite, je me suis donné un mois pour créer quelque chose qui allait peut être pouvoir me donner un coup de main pour trouver un nouveau job. Pour finir, je ne suis pas un professionnel, j'ai fait le morceau et le clip tout seul, avec les moyens du bord, et ça vaut ce que ça vaut..."

Stivostin - Je Veux Travailler

Effectivement, ça vaut ce que ça vaut... Je ne sais pas si, comme il l'affirme, Stivostin est un très bon chef de projet, mais comme chanteur,  parolier et compositeur; ce n'est pas tout à fait ça. Pourquoi une telle prise de risque, alors que le métier pour lequel il postule n'a rien à voir avec le domaine musical ? Bien sûr, il se peut que ce clip l'aide à se faire remarquer, mais il est  tout aussi probable qu'il donne ainsi les bâtons pour se faire battre...

C'est assez hallucinant de voir jusqu'où, dans sa recherche d'emploi, un individu comme lui est prêt à aller pour se vendre. Le message que cette chanson véhicule est effarant. Stivostin adhère totalement à ce que le marché du travail attend de lui. Il ne fait que répéter un discours préfabriqué : il veut travailler, il ne veut pas rester toute la journée à ne rien faire (comme si ne pas travailler était synonyme de "ne rien faire" !) Ce faisant, il montre bien qu'il fait partie des chômeurs méritants, ceux qui sont prêts à tout (et surtout à n'importe quoi) pour retrouver du travail... Encore une fois, le citoyen, l'individu, passe à la trappe : seul le travailleur-consommateur-contribuable a droit de cité. La vie professionnelle et la vie tout court sont coextensibles.

Par ailleurs, sa façon de ce vendre est pour le moins maladroite. Cette chanson constitue un curieux mélange de volontarisme à deux balles, de flagornerie vis-à-vis du patronat, et d'autosatisfaction naïve. Un gars qui cherche désespérément un job, parce que bien sûr il n'en a pas... et qui dans le même temps trouve malin de dire que les employeurs se battent pour l'embaucher., tellement il est bon, tellement il assure, tellement il va leur conquérir des parts de marché.. Chacun son sens de l'humour !