Comme à l'habitude, ouvrir la fenêtre de la salle de bain au lever, avant le coucher aussi , prendre la température et se dire sans même s'en rendre compte, comment va mon monde? L'espace réservé par des hasards de vie, les quelques mêtres carrés ou des hectares à perte de vue, l'océan qui s'écume et la montagne infidèle, un arbre s'étiole mais un arbre quand même, la maison d'en face qui s'illumine à heures fixes... Ne rien savoir de plus mais retrouver ses marques comme sur une terre pacifiée. Chacun à son endroit, un univers marqué de repères tellement personnels, qui font l'histoire d'une vie ou d'un passage - des couleurs et des sons aussi, l'église qui s'égrène avec peut-être un léger retard d'après ta montre qui tombe pile, le camion des éboueurs deux fois par semaine, le néon vert de la pharmacie qui s'affiche en température et les vaches qui filent à la traite délivrance...Mais j'allais oublier, autant de saisons, le vent qui tourne entre lisier et café qui brûle chez le torréfacteur du bout de la rue, le marin annonciateur de pluie, le bébé de la dame rousse du huitième qui pleure chaque soir...Nous sommes faits de ce que nous appréhendons, remuons, trouvons, découvrons au fur et à mesure de l'aventure qui fixe notre quotidien d'humain à deux pattes et le cerveau entre et quand chacun regagne la boite décorée par ses soins, ses envies, ses moyens et qu'il entrouve l'espace d'un instant la fenêtre qui s'habitue à force , c'est peut-être pour vérifier si chaque chose est à sa place dans le décors de ses certitudes.