Tout part en fumée

Publié le 21 avril 2009 par Magali Renard
Comme vous le savez, chers lecteurs, je viens d'intégrer l'équipe du Musée du Papier d'Angoulême pour mon stage de fin d'études. Le site sur lequel est installé ce musée a jadis accueilli une usine de papier à cigarettes, celle de Joseph Bardou & cie, qui produisit entre autres le célèbre papier à cigarettes "Le Nil" de 1919 à 1970. C'est cette partie de l'histoire industrielle du site de Saint Cybard que le musée met actuellement en valeur avec son exposition temporaire "Le papier à rouler, miroir de son temps".
Et c'est là que l'on s'aperçoit que la loi Évin n'en finit pas de créer la polémique, ou tout du moins de démontrer ses limites! En effet, pour la communication autour de l'exposition, il a été demandé de retirer le visuel choisi, qui représentait une affiche publicitaire d'époque, sur laquelle le protagoniste était représenté fumant une cigarette. Une affiche du même acabit a été choisie pour le visuel des vœux de bonne année du musée :

Publicités (italienne et espagnole) pour les papiers à cigarettes Joseph Bardou, vers 1885 – 1890, chromolithographies, collection Musée du Papier
Au final, si je vous parle de cette anecdote, c'est en réaction à la récente affaire autour de l'affiche pour l'exposition "Jacques Tati, Deux temps, Trois mouvements" organisée par la Cinémathèque française, à laquelle vous n'avez pas pu échapper. La pipe du célèbre personnage de Tati, Monsieur Hulot, a été remplacée sur les affiches dans le métro et sous les abris-bus par un petit moulin à vent jaune, à la demande de la régie publicitaire de la RATP.
`

Cette dernière invoque donc le respect de la loi Évin, qui interdit toute promotion du tabac ou de l'alcool dans les lieux publics. Manque de bol, le petit montage Photoshop a fait le tour de tous les quotidiens et au final on parle davantage de la pipe de Monsieur Hulot sur son vélo que des bourdes de Nicolas et des maladresses de Ségolène (enfin, presque). Bref, si on voulait éviter que les gens remarquent la pipe, pour le coup c'est raté. Mais ce qui est quand même étonnant, c'est que la loi Évin devienne une entrave dans le domaine de la Culture! Pour la Cinémathèque, ce remplacement est absurde et doit bénéficier d'un amendement de la loi au nom du respect de l'intégrité de l'oeuvre de Jacques Tati (cf. Droit de la Propriété Intellectuelle). Je pense que la loi Évin n'a pas finit de nous pousser au débat...