Paru le 2009-04-21 16:49:00
France - Après le tragique tremblement de terre qui a touché L'Aquila le 6 avril 2009, l'IRSN livre ses conclusions sur la polémique qui s’est engagée en Italie. Motif : un scientifique de l'Observatoire national du Gran Sasso aurait prédit la survenue de la catastrophe par des mesures de la teneur en radon, un gaz radioactif.
La première observation d'un signal « radon » considéré, a posteriori, comme annonciateur d'un tremblement de terre, remonte à plus de 40 ans. Ainsi, à compter du séisme de Tachkent (1966) en Ouzbékistan, de très nombreux enregistrements ont mis en évidence des variations inhabituelles de la teneur en radon dans les sols ou les eaux souterraines, avant ou pendant les tremblements de terre survenus dans la plupart des régions sismiques du globe.
La forme et la durée de ces anomalies sont extrêmement variables et échappent, jusqu'à présent, à toute théorie dûment validée. Le radon est un gaz radioactif formé dans les profondeurs de la croûte terrestre jusque dans les sols les plus superficiels, du fait de la présence naturelle d'uranium ou de radium. Pour l'essentiel, il disparaît dans le sous-sol, par désintégration radioactive, non loin de l'endroit où il est apparu. Une très faible fraction du radon formé dans la croûte terrestre parvient toutefois à s'échapper dans l'atmosphère.
En Asie, en Europe ou en Amérique, les scientifiques oeuvrent pour mettre en évidence des corrélations utilisables entre teneur en radon et activité sismique. Mais les mécanismes physiques à l'origine des teneurs inhabituelles en radon ne sont encore que partiellement connus, de même que les caractéristiques qui font qu'un site est sensible aux perturbations induites par un séisme qui se prépare, alors qu'un autre ne l'est pas.
Si les connaissances scientifiques en la matière progressent et sont porteuses d'espoir, pour les chercheurs comme pour les populations concernées, le nombre limité d'observations concordantes et la compréhension très limitée des mécanismes qui donnent naissance à ces "signaux radon" ne permet pas, aujourd'hui, de livrer des prévisions opérationnelles. A L'Aquila, tout comme à Kobe au Japon en 1995, ou encore à Tachkent en 1966, le radon ne fournit sans doute qu'un indice parmi d'autres.
Par ailleurs, l'IRSN rappelle qu'aucune des données sur lesquelles a été fondée la prédiction du séisme des Abruzzes n’a été, jusqu’à présent, diffusée dans le monde scientifique.