Les
spécialistes es lettres aiment les catégories. Littérature savante d'un côté, donc difficile et favorisant l'élévation spirituelle, littérature populaire de l'autre, donc facile et simple
divertissement. Kafka dans une case et Dumas dans une autre. Je n'aime pas tellement cet enfermement. L'Idiot de
Dostoïevski, L'Etranger de
Camus sont des oeuvres accessibles au plus grand nombre et on peut y prendre toutes sortes de plaisirs : distraction immédiate au
bord d'une piscine comme méditation philosophique sur l'humain et le temps. De la même façon, des
Marcel Pagnol ou Aymé, des Mac Orlan ou des Frédéric Dard,
sans oublier le grand Simenon, tout populaires qu'ils soient, ne sont pas que des amuse-gueule. Pour peu qu'on prenne le temps de les lire, on trouvera en eux bien des nourritures qui ne sont pas
que terrestres. Je me permets d'enfoncer cette porte ouverte car je viens de relire les six premiers volumes de Fortune de France par
Robert Merle. L'épopée commence dans le
Périgord au temps du roi
Henri II en la baronie de Mespech. Jean de Siorac, héros de la bataille de
Calais est un huguenot endurci tout en courant joyeusement le cotillon. Le lecteur ému assiste
aux maillots et enfances de son fils Pierre, lequel aura à vivre moult aventures en Montpellier où il fera sa médecine puis en Paris à l'époque de reyet de merde que fut Charles IX. Et surtout,
Robert Merle a réussi à écrire en ressuscitant la parladure d'oc et d'oil de la Renaissance. Une vraie jubilation dont je vous livre un lexique abrégé.
s'accoiser, se taire
affiquets, parures
aposthume, abcès
cuider, croire
étoffé, riche
loudière, putain
mignonner, caresser
navrer, blesser
pensement, pensée
se pimplocher, se farder
se ramentevoir, se rappeler
photo de Robert Merle en son fief