En établissant un classement des députés qui travaillent et celui de ceux qui jouent les fantômes, un journaliste a eu la bonne idée de mettre le doigt là où cela fait mal. Le ratage de l'adoption de la loi HADOPI (création et Internet) par la majorité UMP a démontré la fragilité du groupe dit de permanence et qui doit théoriquement permettre à la majorité de bénéficier d'un nombre de députés constamment supérieur à celui du camp de la Gauche. L'absentéisme est malheureusement une maladie de notre démocratie. Et cela ne date pas d'hier. Marcel Dassault, avionneur, doyen de l'Assemblée n'assistait qu'à la séance d'installation pour y prononcer le discours du doyen. Après, on ne le voyait plus.
L'absentéisme d'aujourd'hui n'a plus grand chose à voir avec ces postes revendiqués pour exercer un poids sur le pouvoir, un lobbyisme à la française. Il est vrai que quand on avait des Mirages à vendre, il valait mieux être bien avec le ministre de la Défense et le Président de la République. C'était le cas avec Marcel Dassault, un authentique résistant qui réussit dans les affaires. De nos jours, les absents le sont souvent pour des causes liées au cumul des mandats par exemple. Comment veut-on qu'un député remplisse correctement son rôle s'il est en même temps maire d'une commune, président d'une agglomération voire conseiller général ou régional. Mais il existe de bons députés. Ceux qui passent quelques jours à l'Assemblée, assistent aux séances de commissions, aux séances des questions au gouvernement, posent des questions orales ou écrites et qui sont aussi présents dans leurs circonscriptions pour aider tel ou tel à résoudre tel problème, mener au bout tel dossier et assurer le rôle de représentant de la nation lors de telle ou telle cérémonie ou auprès des collectivités territoriales et des associations. On ne sait pas assez combien le soutien d'un parlementaire et le travail de ses assistants peuvent être décisifs pour débloquer un dossier mal engagé.
François Loncle, député socialiste, que je connais bien depuis 1978, est de ces députés-là. Ancien président de la Commission des affaires étrangères, il est aujourd'hui responsable du groupe socialiste au sein de cette commission présidée par Axel Poniatowski (UMP Oise). Il lui appartient de répartir les interventions parmi les commissaires socialistes : Jack Lang, Elisabeth Guigou, Pierre Moscovoci...qui ne sont pas toujours faciles à gérer. Il est très présent à Paris et également dans la 4e circonscription de l'Eure. C'est d'ailleurs cette présence et cette action qui lui ont permis d'éviter la défaite lors des dernières élections législatives.
Puisque la loi HADOPI a été rejetée, rappelons que François Loncle faisait partie du groupe des 21, ceux qui ont réussi à battre le gouvernement à plate couture. Le 29 avril prochain, le projet de loi reviendra devant l'Assemblée nationale. On peut imaginer que Jean-François Copé (UMP)exigera de ses troupes une présence sans faille. Il m'étonnerait qu'il distribue des billets d'excuses sauf cas de force majeure. Quant à François Loncle, très remonté contre ce projet (soutenu par Marc Antoine Jamet) il sera évidemment présent dans l'hémicycle. Devant ou derrière le rideau.