C'est un fait : prenons par exemple Ça, de Stephen King. Roman à ficher les pétoches sans peine à un adolescent de 12 ans, combien d'adultes, qui pourtant en gardent un bon souvenir, ne l'ont toujours pas ouvert pour le relire ? Plus classique, pourtant, c'est difficile, et l'on se trouvera toutes les excuses nécessaires pour ne surtout pas replonger dans les horribles aventures de ce clown sadique.
C'est que... l'enfance est un territoire sacré, dans lequel on veut bien replonger, mais pas pour y retrouver nos terreurs. Surtout pas et replonger dans ses classiques, c'est aussi prendre le risque de noircir le tableau, en ajoutant des souvenirs aux anciens, sans pour autant se satisfaire de notre lecture.
Bon, pour quelques livres, le charme continue d'opérer : Cyrano de Bergerac, Alice au pays des merveilles... ou même le Seigneur des anneaux, voilà de quoi retourner en enfance pour pas cher.
Mais repensons à l'ouvrage qui nous a tétanisés de peur... Ce pourrait être un simple conte de fées, où l'horrible sorcière n'aura jamais eu le temps de mourir sous les coups de hache du bûcheron parce que jamais, ô grand jamais, nous n'avons laissé nos parents achever l'histoire, trop paniqué que nous étions. Ou bien l'aventure éprouvante de Petit ours brun, en proie à l'indifférence de sa maman qui ne veut pas lui faire de tasse de chocolat chaud...
Évidemment, les traumatismes varient selon les personnes et leurs conséquences varient. Mais imaginons un instant que le fameux conte, le livre maudit qui vous a collé des frayeurs nocturnes soit republié... Qu'au détour d'une bibliothèque, ou d'une librairie, vous tombiez sur ce titre qui résonnait comme un écho funeste, associé ou presque à des incident nocturnes humides et des cauchemars sans fin ?
Vous feriez quoi, vous ? Eh, bien, j'ai tourné la tête et acheté un magazine à la place... Pas fou, non ?