Masai du Kenya, Saami de Finlande, Inuits du Canada, Dayac de Bornéo : tous ces peuples particulièrement affectés par le réchauffement se sont réunis pour un premier sommet avec l’objectif de faire entendre leurs voix avant la conférence de l’Onu sur le climat en décembre à Copenhague. Tous ces peuples autochtones se préparent à parler d’une voix : une déclaration officielle sera proclamée ce vendredi 24 avril en conclusion du premier sommet international des peuples autochtones de la planète, qui rassemble 400 représentants des peuples indigènes et des observateurs de 80 pays, depuis dimanche, à Anchorage en Alaska.
“Les peuples indigènes sont le moins responsables des problèmes planétaires résultants du changement climatique mais seront presque certainement ceux qui en subiront le plus les conséquences”, a expliqué Patricia Cochran, présidente de “la Conférence Inuit circumpolaire” (CIC), groupement de peuples Inuits et Inuvialuits du Canada, les Kalaallits du Groenland, les Inupiaqs et Yupiks de l’Alaska et les Yupiks de Russie, à l’inititiative de ce sommet.
“Nous travaillons depuis longtemps au sein du forum permanent de l’ONU sur les questions indigènes et dans le cours des discussions il est devenu très clair que les communautés autochtones du monde ont souhaité ce sommet pour discuter toutes ensemble du changement climatique et de tous les problèmes auxquels elles sont confrontées“, a indiqué Mme Cochran dans un entretien avec l’AFP.
“Nous essayons de régler ces problèmes et de voir comment nous pourrions nous-même élaborer des plans pour répondre à l’impact du changement climatique dans chacune de nos communautés“, a-t-elle poursuivi.
“Le début du sommet sera consacré à la présentation de rapports régionaux de chaque communauté indigène dans le monde de manière à ce que nous puissions savoir ce qui se passe, que ce soit les problèmes de la déforestation ou de la fonte des glaces arctiques avec leurs conséquences respectives“, a ajouté la présidente du sommet.
Les délégations auront également des discussions avec des représentants gouvernementaux, des milieux d’affaires et universitaires ainsi qu’avec des ONG et tout ce processus aboutira à une déclaration officielle contenant des recommandations qui sera transmise à l’ONU et défendue à la conférence de Copenhague en décembre.
Pour Sam Johnston, de l’Université des Nations unies à Tokyo, qui co-paraine le sommet d’Anchorage, “ce sommet intervient à un moment critique des négociations car il est essentiel d’alerter le monde sur les problèmes auxquels font face les peuples indigènes avec le changement climatique et de maintenir un haut niveau d’alerte“.
L’expérience ancestrale des peuples indigènes de contacts étroits avec la nature, d’expériences et de savoir traditionnel qu’ils ont accumulés font que le monde devrait leur préter une plus grande attention pour répondre aux problèmes du réchauffement climatique, a-t-il expliqué à l’AFP dans une interview.
Au moins 5.000 groupes distincts de peuples autochtones ont été identifiés dans plus de 70 pays et forment ensemble une population de 300 à 350 millions de personnes, représentant environ 6% de l’humanité.
Le sommet d’Anchorage, parrainé par les Nations Unies, est sponsorisé par des ONG occidentales : la Fondation Ford, Conservation International, The Nature Conservacy et the World Wildlife Fund. Quelques états sont aussi de la partie : les gouvernements suédois et danois, le service américain des parcs et l’US Arctic Commission. Anoter la participation de Evo Morales, président de Bolivie, et Miguel Brockman, président de l’Assemblée générale des Nations unies.