Trop difficile?

“T’es trop difficile, c’est pour ça que t’es encore toute seule!”

Je ne suis plus capable de l’entendre celle-là!  Je ne suis pas trop difficile, je fais juste me perdre dans un tourbillon de mauvaises rencontres!  Je suis malchanceuse.  Mais je suis loin de m’apitoyer sur mon sort, car ces mésaventures alimentent des histoires abracadabrantes dont vous pouvez vous délecter!

C’était l’avant-dernière rencontre, avant que je ne mette fin à la saga Réseau Contact une bonne fois pour toute!

Belle photo…enfin, c’était un peu de loin et on ne voyait que le visage et les épaules, belle description, ingénieur, sportif…rien qui cloche.  Mais à bien y penser son “je cherche une fille avec qui je pourrai prendre une marche sur St-Denis le dimanche après-midi” aurait dû faire allumer ma petite lumière rouge.  Peut-être est-il juste un peu maladroit…Marcher sur St-Denis le dimanche après-midi.  Hum.  Il y a peut-être des filles pour qui c’est important…?

Rendez-vous pour le classique verre dans un bar.  C’est l’idéal.  Si ça ne connecte pas du tout, je pourrai rester qu’une heure et partir en prétextant quelque chose facilement.

J’arrive en premier.  Je m’assois face à l’entrée.  Un gars entre pas longtemps après.  Non…c’est pas lui!  En fait, ça semble être son visage, mais…la chemise fleurie, ample à souhait, qui tente de cacher ses seins…c’était pas écrit ça!!!  Oui, j’ai bien dit des seins.  L’homme n’était pas très gros.  Peut-être un petit surplus de poids, mais il avait toute une poitrine que je qualifierais de molle et généreuse!  Je sais bien que c’est pas de sa faute, mais quand tu coches le profil athlétique, je suis en droit de m’attendre à autre chose disons!

20h:  On commande un verre, on dit des banalités…il a un air arrogant.  Je ne supporte pas les arrogants.

-Hey…comment ça me coûterait de rénover une ancienne usine de St-Henri pour la transformer en immeuble à bureaux? me lance-t-il soudainement.

-Bien ça dépend de plusieurs facteurs.  Je ne peux pas vraiment te dire ça vite comme ça.

-Coudonc, tu connais pas ta job toi?  T’as pas les compétences pour me répondre?

Je n’ai rien dit, car je fulminais!  Mon regard veut tout dire.  Je ne vais certainement pas tenter de me justifier!  Il a donc essayé de détendre l’atmosphère en me disant que c’était une joke.  Ha.  Ha.  Ha.

20h20:  Il me parle toujours de son travail et ne m’a posé aucune question.

-Ton travail occupe beaucoup de place dans ta vie on dirait.  (mais il ne comprend pas mon message)

Il poursuit:

-Oui.  Et tu sais ce que j’aime le plus de mon travail?  C’est de congédier du monde.  Le pouvoir que tu as!  Ils sont là devant toi, avec les larmes aux yeux parfois et seraient prêt à te lécher le cul pour que tu les gardes!  Si tu savais l’effet que ça fait!  Pauvres minables!  Mais tu sauras jamais, parce que tu m’as dit que tu n’avais qu’un DEC hein?  Pas de Bacc?  Un technicien pourrait jamais devenir cadre.

-Non, j’ai pas de Bacc.  Pis tu trouves ça drôle toi de voir des gens malheureux?

-Ben…peut-être pas drôle là mais…

20h25:  Je me lève pour quitter.

-Hé, mais tu vas où?  On à peine eu le temps de se parler!  Tu veux que je te raccompagne? 

Je marche vers la sortie sans même me retourner. 

-Ha pis c’est ben mieux de même, t’as l’air pas mal trop susceptible à mon goût!

Trop difficile hein?