Ne disposant pas d’informations précises sur l’emploi du temps de nos députés, j’en suis réduit à essayer de l’imaginer.
L’Assemblée nationale siège les mardi, mercredi et jeudi. Nos députés se trouvent donc libres de retourner dans leurs circonscriptions du vendredi au lundi. Naturellement, comme tout un chacun, ils ont droit au repos hebdomadaire mais ces quatre jours hors de l’Assemblée devraient être suffisants pour leur permettre aussi de rencontrer leurs électeurs. Il convient de ne pas oublier qu’ils disposent également d’un assistant parlementaire. Celui-ci les seconde vraisemblablement pour traiter la correspondance avec leurs électeurs et pour gérer leur agenda.
On tente parfois de nous apitoyer sur leur triste condition, contraints qu’ils sont de se rendre dans leurs circonscriptions. On oublie alors que leur circonscription, c’est chez eux. Ils se trouvent donc trois jours par semaine loin de leur home, sort qui serait plutôt moins terrible que celui de milliers de commerciaux qui passent leur semaine, parfois week-end compris, à parcourir la France, au volant d’une voiture que, ô prodige, ils conduisent eux-mêmes, sans recourir à un chauffeur.
Autre remarque : ce statut d’expatrié n’est bien sûr pas le lot de ceux représentant une circonscription d’Ile-de-France ou même une circonscription que les moyens modernes de communication mettent à moins d’une heure de Paris. Ces derniers, tellement épris d’égalité, sont alors logés à la même enseigne que des centaines de milliers de travailleurs rémunérés bien plus modestement.
On explique souvent leur absence lors d’un vote par le fait qu’ils doivent aussi siéger en commission. Je dois à nouveau confesser mon ignorance mais je n’ai pas d’information sur la façon dont s’effectue le travail en commission. J’ai pu relever sur le site de l’Assemblée nationale que les commissions comportent environ 90 membres. J’avoue ne pas comprendre comment il est possible de mettre au point un texte de loi avec un effectif aussi nombreux. Je suppose que l’assistance moyenne à ces réunions doit être sensiblement inférieure. De là à penser que la présence en commission est une excuse commode pour s’abstenir de participer aux séances plénières, il n’y a qu’un pas que mon manque de connaissances m’interdit de franchir.
Nos députés doivent aussi participer aux activités de leur groupe. Tout ceci démontre à l’évidence qu’être député est un emploi à plein temps. En faisant à nouveau appel à leur indéfectible sens de l’égalité, je me permets de leur rappeler que :
- Jamais un employeur n’acceptera qu’un de ses salariés à plein temps s’absente pour accomplir un travail chez un autre employeur.
- l’assiduité de la plupart des salariés est relevée et, ce qui les menace en cas d’absences répétées, ce n’est pas une retenue sur salaire, mais purement et simplement le licenciement.
On m’objectera que c’est une nécessité pour des élus de conserver un contact avec le terrain. C’est un argument des plus spécieux. Le si précieux maintien de leurs relations avec leurs mandants leur apporte cette compétence et leur proximité avec les membres du gouvernement qui siègent à leur côté leur confère la dimension nationale qui pourrait leur faire défaut. En fait, ce qu’ils cherchent avec ces mandats multiples, ne serait-ce pas plutôt des revenus complémentaires et un surcroît de notoriété pour faciliter leur réélection ?