Cela commence comme les glyphes Rongorongo de l'île de Pâques.
Les artistes qu'a conviés l'Espace culturel Louis Vuitton se sont éloignés des modèles.
Les trois tablettes, conservées au Musée du Vatican et exposées pour l'occasion, nous introduisent dans un monde.
Un univers où le sens du langage côtoie l'effacement des mots. Persistent la trace, l'empreinte, l'interstice comme lieu où l'oeuvre peut se faire... forgeant ou déconstruisant son propre vocabulaire.
Nous ne savons rien des tablettes de Rapa Nui.
Ni Haifeng interroge notre connaissance. Tous ces livres, pourquoi ?
Sur la tranche de cette bibliothèque d'ouvrages en sciences humaines, la main écrit sans faillir d'improbables formules alchimiques, savantes croyons-nous ; elle semble si sûre d'elle... nous serions donc proches du secret ?
Mais la main s'arrête et efface inexorablement ce qui doit être tu.
Les artistes ont délibérément joué sur le blanc. Le blanc du discours. Le blanc de la censure ou de la méconnaissance. Les mots du vide.
Face aux tablettes Rongorongo, s'inscrivent les phrases de Lawrence Weiner ponctuées par des cases blanches. Trous d'une mémoire à jamais perdue.
Une initiative intéressante à partir d'une écriture dont on ne connaît le sens mais qui donne la parole à « notre » art contemporain.
Photo 1: Save the Poetry, Marco Nereo Rotelli, Courtesy Centro Italiano per le Arti e la Cultura, Photo © Marco Zanella.
Photo 2 : Xeno-Writings © Courtesy Ni Haifeng & Arario. Beijing Gallery.
Photo 3 : Catalogue 819 © Courtesy Lawrence Weiner & Marion Goodman Gallery