Qui a dit : « Ici, quand on recourt à la violence, ce n’est pas pour se distraire, ce n’est jamais pour nuire à autrui, c’est parce qu’on est désespéré. C’est parce qu’on n’a plus de recours et qu’on se sent condamné à la mort économique et à la mort sociale » ? Jean Jaurès ? Karl Marx ? Marie-George Buffet ? Jean-Luc Mélenchon ? Christian Picquet ? Aucun d’eux ! C’est monsieur Sarkozy, le 3 avril 2007, devant les marins pêcheurs de Lorient. À l’époque, il était en campagne électorale. Ces jours-ci, dans la région de Marseille, avec ses grands airs, il a une nouvelle fois tourné casaque. Il a fustigé, pêle-mêle, les prétendues violences des mouvements sociaux et syndicaux, des actions, où en désespoir de cause des salariés ont retenu leurs dirigeants dans leur bureau, et les mouvements pacifistes contre l’OTAN. Après le bouclier fiscal, voilà monsieur Sarkozy transformé en bouclier patronal ! La droite appelle alternativement à l’unité nationale et s’en prend avec hargne aux mouvements sociaux. Elle somme les salariés, les privés d’emploi, les précaires, les licenciés à se taire et à payer la facture d’une crise dont les forces de droite sont les seules responsables. Comme à chaque moment difficile, la grande bourgeoisie et la haute finance assimilent les classes populaires à des classes dangereuses.
Quand monsieur Sarkozy aura-t-il une parole de président de la République contre cette violence sociale dont souffrent chaque jour les salariés, avec le stress, les cadences infernales, la précarité, les écarts et les baisses de rémunération, la brutalité des licenciements et les menaces de licenciements ? A-t-il pensé un seul moment à ces salariés, à ces cadres qui, au bout du rouleau, se suicident sur leur lieu de travail, à ce syndicaliste qui s’est donné la mort, subissant les problèmes de ses camarades et de son entreprise comme un échec ? Que dire des humiliations, des expulsions de travailleurs immigrés, à jour de leurs cotisations sociales et auxquels on refuse des papiers ? Que dire de celles et ceux qui dorment sur les trottoirs et au bord du périphérique ? Que dire de ceux qui font les poubelles pour pouvoir manger ?
Où est la violence, Monsieur le Président ? Où est passé le président des fausses promesses du pouvoir d’achat et de la Sécurité sociale professionnelle ? Les femmes et les hommes qui ne peuvent plus avoir de projet et dont les enfants n’ont pas d’avenir ne resteront pas sans réaction. L’exaspération, la révolte continueront de monter tant qu’on humiliera le peuple, qu’on le fustigera au moment même où monsieur Sarkozy a promis un nouveau cadeau à ses amis du Fouquet’s : la diminution de l’impôt sur les grandes fortunes, après avoir annoncé la suppression de la taxe professionnelle. Pour eux, c’est toujours bingo, et ceinture pour les classes populaires. Voilà la vraie nature de classe de ce pouvoir sarkozyste. Le scénario monté à Strasbourg entre le pouvoir et des hordes bien organisées, casquées, masquées, chargées de semer la terreur sert à criminaliser les mouvements sociaux et citoyens, à empêcher toute expression de la gauche sociale et politique et surtout à camoufler au peuple les néfastes décisions prises au sommet de l’OTAN, ainsi que l’action et les propositions des mouvements pacifistes.
Il ne faut pas se laisser intimider. Si le peuple s’était plié aux injonctions de la droite et la haute finance, il ne se serait jamais uni dans le Front populaire, le Conseil national de la Résistance, Mai 68, pour la mise à bas du CPE et le « non » majoritaire au référendum sur la Constitution européenne en 2005. Pour trouver une issue à la crise et inventer un autre avenir, le peuple, uni dans sa diversité, ne peut compter que sur lui-même. Dans l’action le 1er mai avec toutes les organisations syndicales. Le 7 juin prochain, dans l’unité populaire, avec le Front de gauche, il peut bousculer la donne politique.
C’est avec calme et détermination que nous pouvons faire reculer la féroce loi et la violence du capitalisme.Philippe MARX - Agir ! Réagir !