Un tel Christ, mort sur une chaise électrique, vient de trôner quelques semaines dans la cathédrale de Gap. L’œuvre est de Paul Fryer et elle a suscité de vives réactions de la part des fidèles confits, si l’on en croit le journal La Provence du 8 avril dernier. Les Catholiques des Hautes-Alpes, attachés au bois des certitudes, ont réagi fortement à ce qu’ils ne sont pas loin de considérer comme un blasphème.
Jean-Michel di Falco Leandri, l’évêque local, a eu le courage d’aller à l’encontre de l’imagerie doloriste traditionnelle pour la renouveler grâce à Fryer. Son intérêt pour l’art moderne rencontre-là une spiritualité plus contemporaine que celle trop souvent prônée benoîtement. Il aurait aussi pu exposer pour l’un des saints une autre œuvre de Fryer que j’aime bien, Martyr. Oserait-il aller jusqu’à exposer certaines photographies de Bettina Rheims ?
À défaut d’écouter ses sermons, on peut l’entendre lorsqu’il affirme que parce que l’habitude banalise on ne ressent pas devant un crucifix une émotion aussi forte que devant ce « Christ et la chaise électrique ».
On sait qu’il est un homme blessé par une injuste accusation de pédophilie jetée en pâture par la revue Golias et son inévitable Christian Terras il y a quelques années de cela. À part Jean-François Revel de l’Express qu’on ne peut pas soupçonner de bigoterie, personne dans la presse qui avait relayé cette rumeur n’a jamais fait le moindre acte de contrition sur ce point.
Se sont peut-être ces blessures qui lui ont inspiré ses méditations poétiques sur les multiples visages du Christ : homme et femme, séropositif, homosexuel, torturé, prostituée, battue…
L’homme d’église, autrefois très médiatique porte-parole de l’épiscopat français,…