Les auteurs australiens prennent les armes pour leur défense

Publié le 21 avril 2009 par Actualitté
Les auteurs australiens ont durant des années supporté de voir les Américains leur manger le marché : meilleurs romans, du moins, mieux médiatisés, et surtout, toute cette guerre autour de l'importation de livres et de la loi qui la régit. Mais c'en est assez : désormais, la communauté littéraire prend le maquis et lutte pour défendre sa langue et sa production.
Le gouvernement et la commission sur la productivité veulent s'en prendre au « droit d'auteur territorial » et aux « restrictions sur l'importation parallèle », menaçant de fait tout l'écosystème littéraire de l'île. La fin d'une sorte de protectorat, bien sûr, mais également celle d'une culture, qu'envahirait avec allégresse la production américaine.
Concrètement, les auteurs australiens bénéficient de revenus liés aux ventes sur le territoire supérieurs à ceux des auteurs traduits, mais cette garantie pourrait être réduite à 12 mois, à l'avenir. Cependant, la commission estime que cette décision assurerait pour les lecteurs une réduction des prix.
Un mal pour un bien ?
Sûrement pas ! Un mal tout court : en laissant faire, les auteurs prennent le risque d'être noyés dans la publication des autres pays et de voir disparaître tout bonnement leur identité et l'essence de la création australienne. « Le gain supposé sur fichier Excel ne pourra en aucune manière compenser les dégâts qui à long terme seront causés, entraînant un auto-suicide culturel », s'indigne Peter Carey, auteur lauréat du prix Booker.
Auto-suicide ? Oui, c'est un néologisme tautologique hideux, mais qui vient des États-Unis. Autant commencer à s'y habituer, raille-t-il. Bien sûr la langue pose des problèmes de traduction aux éditeurs étrangers, mais ce n'est tout de même pas une langue si étrangère, estiment les auteurs du pays.
Alors oui, les librairies profiteraient également de cette modification de la loi, en étant à même d'importer plus facilement des titres anglo-saxons, sans passer par les éditeurs du pays. C'est-à-dire, sans attendre que les éditeurs publient l'ouvrage souhaité. Mais ce serait assurément au détriment des petites maisons, qui ne résisteraient pas longtemps à une telle déferlante...