L’être et le néant scolaire

La socialisation est un élément fondamental de la structuration de l’individu et c’est à l’école que se construit, pour une grande part, notre identité sociale. Tout au long de la scolarité, on grandit en se confrontant à l’autre, au groupe, à l’autorité. On s’évalue par rapport à la moyenne, aux exigences du corps enseignant, des parents. Cela peut-être une période assez douloureuse, particulièrement au moment de l’adolescence où l’estime de soi est fragilisée par les mutations profondes de son identité aussi bien corporelle, qu’intellectuelle.

Que devient notre école ?

Depuis quelques années, surtout à partir du collège, l’école s’est concentrée sur la transmission du savoir. Les exigences de la société, en terme de productivité, et d’adaptation au marché du travail, ont conduit à négliger des pans entiers de la construction de l’individu. Évidemment, on pense en premier lieu aux apprentissages de la culture générale (littérature, arts plastiques, musique, etc.) mais en fait, nous voulons parler ici d’une matière qui jusqu’alors n’a jamais été inscrite aux programmes de l’éducation nationale.

L’âge des questionnements

L’adolescence est l’âge des questionnements sur soi, celui où l’on a tendance à accumuler des expériences personnelles, parfois destructrices en quête d’une identité en construction. L’âge des oppositions radicales, des adhésions à des valeurs sans compromis. L’âge où le groupe auquel on appartient, influence fortement le comportement et la personnalité. L’âge où les comportements addictifs se dessinent. L’âge de la transgression des règles. L’âge où se construit la citoyenneté, le civisme. Alors que ces questions sont au coeur de la vie adolescente, de l’évolution de l’individu, elles ne sont pas abordées formellement durant la scolarité, à part peut-être quelques fois dans les cours de philosophie en terminale.

Une matière qui aide à grandir

Nous plaidons ici pour que soit inscrit tout au long du temps scolaire une matière résolument tournée sur le savoir être, sur le soi. Une matière qui accompagne les réflexions et les doutes de l’adolescent, qui l’instruise par exemple sur les sciences du comportement, les différentes  approches des sciences humaines,  les approches socioculturelles, les sciences cognitives et les théories de l’apprentissage. Une matière qui aide à grandir et soit un temps où l’individu dans son entièreté est au centre du processus pédagogique. Nous plaidons ici pour que l’école puisse répondre aussi à ce qui passionne en premier lieu les ados, c’est à dire leur moi.