"On dit que les 16 de Basse-Pointe sont des héros, on dit que les 16 de Basse-Pointe sont des assassins..."
Publié le 20 avril 2009 par MtislavUne avant-première du film de Camille Mauduech "Les 16 de Basse-Pointe" avait lieu hier à Pau, les prochaine se dérouleront à Bordeaux (le 20 avril à 20 heures à l'Utopia), à Pessac (le 21 avril 20 heures au Jean-Eustache). Si vous avez l'occasion de voir ce documentaire, ne le manquez pas. La sortie nationale est annoncée pour le 22 avril. A noter que Planète diffuse en deux épisodes une version plus formatée de ce travail.
A l'automne 1948, les plantations de Martinique sont agitées par des grèves qui naissent de la misère dans laquelle vivent la masse des 40.000 ouvriers agricoles et des promesses non tenues de la départementalisation. A Basse-Pointe, dans le nord de l'île, le béké gérant l'Habitation Leyritz fait appel aux gendarmes pour expulser trois syndicalistes considérés comme les meneurs. Les coupeurs de canne se mettent en grève. L'arrivée des gendarmes sème la crainte. Quelques mois plus tôt, ils ont abattu trois syndicalistes sans que cela ne donne lieu à aucune poursuite.
Le géreur, Guy de Fabrique tire sur l'un des bannis avant de prendre la fuite. Les gendarmes sont désarmés. Lorsque le frère du géreur découvre son corps, il a été lardé de 36 coups de couteau.
Sans se préoccuper de mener une véritable enquête policière, les ordres venus d'en haut tombent pour se saisir de cette affaire et obtenir une condamnation qui discréditerait l'action du Parti Communiste, très présent auprès des travailleurs martiniquais et très actif dans les luttes anti-colonialistes. Seize coupeurs de cannes syndiqués sont arrêtés, le procès est renvoyé à Bordeaux pour que le crime soit jugé avec toute la sévérité nécessaire...
Pour en savoir plus, lire l'article de Sud-Ouest, excellent, celui du site Gens de la Caraïbe qui indique très bien les questions que soulève le film.
La réalisatrice a choisi de nous faire suivre son propre parcours. Au lieu de présenter une vérité toute faite, on découvre de nombreuses facettes de cette affaire et la manière dont la mémoire a agrégé l'événement. Ainsi, Camille Mauduech revient sur l'assassinat de David Aliker, un journaliste martiniquais, enlevé et assassiné en 1934 pour s'être attaqué au pouvoir des puissances de la grande île. Aliker retrouvé dans l'eau, les mains liées derrière le dos et dont les assassins ne sont pas inquiétés.
Devrait sortir en juin 2009 un film sur cette affaire, intitulé "Abiker", réalisé avec beaucoup de difficultés par André Deslauriers (scénario écrit par Patrick Chamoiseau). Qui fera connaître à Wikipedia André Abiker ?
"Les 16 de Basse Pointe" de Camille Mauduech