Un genre auquel Juliette Garcias ne s'abandonne jamais vraiment, trop soucieuse de garder la mainmise sur des personnages complexes et maîtrisés. À commencer par cette fascinante Ève, minois de biche et idées noires, qui s'invente des vies amoureuses pour mieux cacher la vérité. Car Sois sage accouchera évidemment d'un trauma, un vrai, si sombre qu'il aurait pu faire basculer le film dans le n'importe quoi psychanalytique ou le jeu de massacre émotionnel. Il n'en est (quasiment) rien : le scénario fait preuve d'une jolie retenue qui est sans nul doute salvatrice.
Direction d'acteurs impeccable et script assez maîtrisé : la réalisatrice est décidément pleine de promesses. D'autant que la mise en scène, élégante et subtile, est également un sérieux atout. Garcias multiplie les tentatives, trébuche parfois, se relève toujours. Elle parvient à restituer des textures et sensations rares (la pâte qu'on pétrit, les escargots qu'on empoigne), crée la gène par de longues séquences silencieuses, bref, ne nous laisse jamais sans matière. Belle révélation à confirmer.
7/10
(également publié sur Écran Large)