Après une période difficile, Jonathan Demme nous revient en plutôt bonne forme, mettant toute son énergie au service d'une mise en scène presque trop dynamique. Sa caméra sauteuse a du charme mais finit par fatiguer à force de tourner autour des personnages, comme pour nous bien insister sur le fait qu'il s'agit d'un film indépendant (et donc caméra à l'épaule). Il dirige plutôt bien un casting forcément foisonnant, mené par une Anne Hathaway surprenante en ex (?) toxicomane. Bien loin de ses rôles habituellement lisses, elle livre une prestation intense, entre trash attitude et émotion brute (on l'avait quand même vue tester ce registre dans le moyen Jeux de gangs). Elle en fait même un peu trop, comme toutes ces actrices trop conscientes d'interpréter le rôle de leur vie. Il n'empêche que Rachel se marie lui doit beaucoup.
Car pour le reste, le film de Jonathan Demme peine à transformer ses intentions de montrer la famille sous un autre oeil, et se révèle finalement moins intense que des oeuvres pourtant moins ambitieuses comme Coup de foudre à Rhode island. Rachel se marie atteint épisodiquement des sommets d'intensité, mais c'est pour mieux replonger aussitôt dans un pathos maîtrisé mais un rien ennuyeux. Le film fait soit dans l'énergie, soit dans l'émotion, et ne rassemble que trop rarement ces deux registres. Il aurait fallu que ces cent dix minutes soient aussi intenses que la scène du concours de rangement de lave-vaisselle (oui oui), d'abord très drôle et ensuite très triste, pour qu'il devienne autre chose qu'un gentil petit drame façon Sundance.
6/10