Avec son titre façon comédie romantique, Rachel se marie a de quoi surprendre. C'est un vrai drame, tragi-comique sur les bords, dont l'héroïne ne s'appelle même pas Rachel. C'est d'ailleurs là tout le problème de cette famille ayant pourtant tout pour être heureuse : l'une des filles s'apprête à épouser un beau musicien, mais le principal sujet de conversation tourne pourtant autour de Kym, sa soeur, fraîchement sortie de rehab. Cette dernière, consciemment ou non, tire la couverture à elle en explicitant ses souffrances et en présentant ses excuses à la famille. Plane au-dessus de tout ce petit monde un trauma bien glauque qui ne tardera pas à être révélé au spectateur. Chacun tente de faire face, de trouver sa place dans la famille, de faire bonne figure au cours de ce week-end de fête.
Après une période difficile, Jonathan Demme nous revient en plutôt bonne forme, mettant toute son énergie au service d'une mise en scène presque trop dynamique. Sa caméra sauteuse a du charme mais finit par fatiguer à force de tourner autour des personnages, comme pour nous bien insister sur le fait qu'il s'agit d'un film indépendant (et donc caméra à l'épaule). Il dirige plutôt bien un casting forcément foisonnant, mené par une Anne Hathaway surprenante en ex (?) toxicomane. Bien loin de ses rôles habituellement lisses, elle livre une prestation intense, entre trash attitude et émotion brute (on l'avait quand même vue tester ce registre dans le moyen Jeux de gangs). Elle en fait même un peu trop, comme toutes ces actrices trop conscientes d'interpréter le rôle de leur vie. Il n'empêche que Rachel se marie lui doit beaucoup.
Car pour le reste, le film de Jonathan Demme peine à transformer ses intentions de montrer la famille sous un autre oeil, et se révèle finalement moins intense que des oeuvres pourtant moins ambitieuses comme Coup de foudre à Rhode island. Rachel se marie atteint épisodiquement des sommets d'intensité, mais c'est pour mieux replonger aussitôt dans un pathos maîtrisé mais un rien ennuyeux. Le film fait soit dans l'énergie, soit dans l'émotion, et ne rassemble que trop rarement ces deux registres. Il aurait fallu que ces cent dix minutes soient aussi intenses que la scène du concours de rangement de lave-vaisselle (oui oui), d'abord très drôle et ensuite très triste, pour qu'il devienne autre chose qu'un gentil petit drame façon Sundance.
6/10