La polémique enfle, une fois de plus, et la sérénité n’est pas assurée, simplement parce que certains veulent confondre religion et race. Ainsi une belle et bonne initiative se dévoie systématiquement.
C’est l’UNESCO qui avait pris l’initiative, au lendemain de la seconde guerre mondiale, d’organiser “les conférences mondiales contre le racisme”. Les deux premiers cycles se sont déroulés à Genève mettant en particulier l’accent sur “l’apartheid” en Afrique du sud et la première conférence à Durban se déroula en 2001. Durban II est d’actualité et se déroule, ce que son nom n’indique pas … à Genève cette semaine.
La conférence contre le racisme risque de devenir l’occasion d’une expression radicalisée avec, au contraire du but louable recherché, une exacerbation des positions des uns et des autres, la prise en compte de dossiers n’ayant rien à voir avec le racisme.
La première conférence de Durban, qui s’était achevée de manière “brutale” en septembre 2001, avait été le théâtre de controverses du même type. Les États-Unis et Israël avaient claqué la porte avant la fin, furieux d’un avant-projet de déclaration qui critiquait l’Etat hébreu et tentait d’assimiler le sionisme à du racisme.
Les États-Unis ne participe pas à la conférence Durban II. L’administration américaine ne veut pas cautionner une mascarade, à laquelle assisteront de nombreux dirigeants musulmans dont le président iranien Mahmoud Ahmadinejad, et qui stigmatiserait de nouveau Israël.
Les responsables de 103 États ont déjà annoncé leur participation, mais la plupart des pays occidentaux demeurent réticents, attendant d’avoir une idée précise de la formulation du communiqué final. On pourrait pleurer : attendre le communiqué final pour savoir si l’on va participer n’est pas compréhensible par le plus grand nombre! C’est donc très mal parti et Durban II pourrait bien ressembler au fiasco de Durban I
Un front commun Européen, souhaité par Bernard Kouchner bien seul sur cette affaire, semble difficilement réalisable : La présidence Tchèque actuelle de l’Union européenne a estimé que la décision de participer ou non revenait à chacun des États membres. L’Italie et les Pays-Bas ont annoncé qu’ils ne feraient pas le voyage de Genève… Dernière défection en date, celle de l’Allemagne.
A l’opposé, la Grande-Bretagne avait annoncé qu’elle était prête à s’assoir autour de la table, de même que la Belgique. La France, après quelques hésitations, a finalement décidé de participer, “afin de défendre son point de vue concernant les droits de l’Homme” : une cacophonie Européenne à quelques semaines des élections !
Voila comment une bonne et sage idée sombre dans l’imbroglio le plus inextricable : quand on se détourne de l’objectif initialement prévu. Prétendre défendre une cause aux côtés de ceux qui s’en servent pour mieux la combattre, est une utopie coupable. Le comité préparatoire chargé d’organiser la conférence et de préparer le texte de la résolution finale est présidé par la Lybie, avec l’Iran à la vice-présidence, sans oublier Cuba, rapporteur : des pays dirigés, convenons-en, par des grands humanistes!
Pour autant le boycott est-il la bonne solution ? Ce qui aurait vraiment de la gueule, serait de monter à la tribune et de dire des vérités sur le racisme et la liberté à la Lybie, l’Arabie Saoudite, le Soudan, le Yémen, la Syrie, l’Iran… C’est la volonté Française affichée. Mais la mesure traditionnelle du langage des diplomates rend l’exercice délicat et la difficulté à prononcer des propos précis et clairs à cette tribune pourrait expliquer les éloignements volontaires, afin de ne pas cautionner une farce de plus.
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