Seront donc en lice pour le second tour du scrutin d'Alexandrie 2009, catégorie "Nouvelles" :
- "La Danseuse de Flamenco" - Thomas Desmond - "Portraits" - Pierre-Alain Gasse - "Fragments" - Frédéric Vasseur - "Cocktail" - Brice Chanu - "Rimes en Déprime" - Christine Motti
- "La Danseuse de Flamenco" - Thomas Desmond :
De Thomas Desmond, les lecteurs d'Alexandrie et de Nota Bene connaissent déjà l'excellent "Ecritures Rouges", recueil de nouvelles fantastiques où l'auteur s'en donne à coeur joie. Ceux qui ont aimé et plus encore les aficionados du genre épouvante, risquent de se retrouver déstabilisés par cet autre recueil de neuf histoires marquées pour leur part au coin du réalisme.
Pourtant, il y a ici une volonté manifeste de changement, un désir de renouvellement et d'approfondissement de l'écriture qui ne peuvent être que dignes d'éloges. La nouvelle "Le Passé qui revient ..." (je cite de mémoire, mille pardons ;o) ) est plus subtile qu'il n'y paraît et l'ensemble du recueil est un peu à cette image, avec quelques maladresses ou ratés çà et là, bien sûr mais aucune oeuvre, rappelons-le, n'atteint jamais la perfection.
Peut-être la nouvelle qui donne son titre au volume ainsi que l'épilogue sont-ils cependant trop obscurs, à moins qu'ils ne nécessitent un plus gros effort personnel de la part du lecteur. Une relecture serait sans doute nécessaire et peut-être la ferai-je un jour. Quoi qu'il en soit, le lecteur impartial ne pourra qu'encourager Thomas Desmond à aller encore plus loin même si - c'est un avis personnel - son domaine de prédilection, celui où il donne l'impression de se mouvoir comme un poisson dans l'eau, demeure le fantastique. ;o)
- "Portraits" - Pierre-Alain Gasse :
Probablement avais-je déjà lu une partie de ses nouvelles lorsqu'elles étaient passées en pré-lecture car je me rappelais nombre d'entre elles. "Lazlo" me semble quant à lui faire déjà partie d'un autre recueil de PAG.
Emotion, tendresse, humour, sens du petit détail qui fait mouche, autant de qualités qu'il faut reconnaître à Pierre-Alain Gasse. Elles s'étalent à leur aise dans ce lot de douze nouvelles où se croisent un petit-fils de deux ans amoureux du chemin de fer, un grand-père normand allant vers sa fin dans un hôpital breton, une soupière remplie de papiers entre les bras, un couple de jeunes gens se rencontrant dans une cour de ferme au beau milieu de l'Occupation, deux amies d'un certain âge qui écument les thés dansants jusqu'à ce que tout les sépare, deux soeurs qui, bien que vivant l'une avec l'autre depuis des lustres, se connaissent en fait assez mal et encore quelques autres "portraits" brossés avec autant de délicatesse que d'efficacité.
Un recueil qui, à l'exemple de "Noir à l'Ouest", initiera parfaitement le lecteur au petit monde de Pierre-Alain Gasse, l'un des auteurs les plus "solides" et les plus convainquants d'Alexandrie On Line. Avec cela, le style est simple, sans prétention mais de bonne facture. Que demander de plus ? ;o)
- "Fragments" - Frédéric Vasseur :
l'une des grandes découvertes de ce cru 2009 - en tous cas, pour moi :
Le moins que l'on puisse dire, c'est que ça bouillonne pas mal dans la cervelle de Fred Vasseur. ;o) J'avoue avoir surtout apprécié les histoires purement fantastiques, laissant un peu de côté les nouvelles qui m'évoquaient assez E. R. Burroughs ("Un Bon Fils" par exemple). Non que celles-ci soient inférieures au reste de la production : simplement, je préfère les fantômes et l'insolite. Toutefois, en amoureuse des chats que je suis, j'ai particulièrement apprécié "les Veilleurs" et la fin du dernier des leurs.
M'ont aussi marquée : "Roland" et ses deux fins (laquelle est la meilleure ? Sur le plan sentimental, la deuxième, on songe à "Mrs Muir et le Fantôme" ; sur le plan strictement surnaturel, la première, y a pas photo.) ; "L'Escalier", une nouvelle subtile, où le mystère, quoique présent, est vraiment impalpable, et qui rappelle Wharton ou, en plus optimiste, De La Mare ; "Laetitia", à mes yeux la plus étonnante du lot et enfin "Jack O'Lantern", petit conte grimaçant et plein d'humour noir. Sans oublier "Le Messager" que - peut-être à tort - j'ai pris pour un hommage à Lovecraft bien qu'il s'y mêle des réminiscences des "Chiens de Tindalos", de Belknap Long qui fut, de toutes façons, un familier du Solitaire de Providence.
Pour autant, Vasseur ne copie pas, il possède un style qui lui est propre, très naturel (ce qui suppose pas mal de travail, d'ailleurs ou une chance inouïe mais mieux vaut parier sur la première hypothèse), qui tombe parfois dans le langage "parlé" - pas toujours à bon escient mais ce n'est que mon avis. La construction des intrigues est étudiée et cohérente, les chutes ne sont pas toutes surprenantes (il est vrai que les nouvelles varient d'un genre à l'autre et que toutes n'ont pas en fait besoin d'une fin étrange) mais même si on en devine certaines, on est toujours curieux de savoir comment l'auteur va les amener.
Donc, si Fred Vasseur remet la table, je me joindrai aux autres convives. ;o)
(A suivre ...)