Les tarifs des communications téléphoniques au Maroc sont les plus chers dans le monde arabe,
selon un rapport de l’Arab Advisors Group (AAG) intitulé les « Tarifs du cellulaire dans le monde arabe ». Ce rang, le Royaume l'occupe en détenant le coût moyen le plus élevé par minute dans le mobile
post-payé.
Avait-on besoin de cette étude pour le savoir? Les Marocains le savent que très bien puisqu'ils s'appellent souvent par "bipage" (je te bipe, donc je pense à
toi !) Encore plus en prépayé, les communications entre différents opérateurs peuvent atteindre le prix hallucinant de presque 7 dh/min (presque 0.7 € la min) Cette étude vient s'ajouter à une
autre effectuée récemment et qui prouve qu'Internet reste très cher au Maroc. Le Royaume pratique en effet les tarifs ADSL les plus chers du Maghreb. Les trois opérateurs téléphoniques Maroc Telecom/Vivendi,
Meditel et Wana ne se font pas de concurrence, gardant un statu-quo des prix artificiellement élevé.
L'absence d'une réelle politique sociale de l'Etat laisse finalement libre cours à un capitalisme sauvage qui se nourrit de ses propres travers, dont la
cherté de la vie. L'enseignement qui se privatise d'une manière exponentielle devient hors de prix. Des écoles primaires à Casablanca et à Rabat demandent aux parents des sommes de 3500 dh/mois
par enfant! Et ne parlons même pas du coût de la nourriture. Des produits de base ont atteint des prix astronomiques: pommes de terre, oignons, petits pois... à 10 dh/kg, huile blanche avait atteint quelques semaines auparavant 14 dh le litre.
Autre exemple: les autoroutes, qui ont commencé à fleurir pendant le
règne de Mohammed VI, sont tellement chères que la plupart des tronçons (à l'exception notable de l'axe Casablanca/Rabat, l'axe le plus rempli d'Afrique) reste vide à longueur de journée.
Le trajet de Fès/Casablanca, long de 250 km coûte plus que 70 dh (environ 7€). Au lieu de vouloir appliquer de force une loi
insensée relative au Code de la route,
un prix moins élevé pourrait à coup sûr rendre les autoroutes
marocaines beaucoup plus vivantes et diminuerait définitivement le nombre de morts sur les routes nationales.
Dans le secteur de l'immobilier, le Maroc bat des records. Des appartements estampillés "haut de gamme" se négocient à plus de 4500 €/m² et des villas se
vendent au prix incroyable de 2 millions d'euros à Marrakech alors que le
Smig officiel est toujours à 2000 dh (l'officieux étant encore plus bas.)
Le Maroc est très cher et pas que pour les Marocains. Les touristes se plaignent également. Dans une récente enquête effectuée par le département du tourisme auprès des tours opérateurs au sein du marché français, ces derniers ont répondu à l'unanimité: la destination
Maroc est très chère, par rapport à ses concurrentes directes la Tunisie, la Turquie et l'Egypte. Ainsi, le prix d'une semaine à Marrakech dans un hôtel 4 ou 5 étoiles peut atteindre parfois le
double que peut coûter le même séjour avec les mêmes conditions à Istanbul ou Louxor ! Même les séjours balnéaires sont chers au Maroc, Agadir est l'une des villes balnéaires les plus onéreuses
pour les touristes étrangers. Seule Sharm Al Sheikh s’aligne quelque peu sur Agadir avec un séjour qui oscille entre 650 et 800 euros, dixit l'étude.
On le voit, le Royaume du Maroc est devenu un royaume de surenchères. Depuis le gouvernement Jettou et encore plus avec le gouvernement d'Abbas El
Fassi, le Maroc semble être incapable de juguler cette escalade dangereuse de la cherté de la vie. Les interminables grèves (transports, fonctionnaires, enseignants...) sont là pour nous le
rappeler: l'équilibre social est très précaire. A moins d'initiatives sociales fortes et courageuses, des
événements malheureux vont surgir et qui ne seront pas sans rappeler d'autres événements malheureux comme ceux de Sidi Ifni ou Sefrou.