Depuis sa sortie, j'ai ce livre de Claudel dans ma PAL. Et puis tout le monde en a dit beaucoup de bien. On me poussait à le lire sans plus attendre. Alors avec mon esprit de contradiction habituel, j'ai laissé le livre de coté. Jusqu'à hier.
J'ai tourné les premières pages... puis les dernières, quelques heures plus tard. Avalé. D'un coup.
Parce que ce livre est un coup, un choc, de chaque chapitre.
Brodeck est désigné par le village pour écrire un rapport. C'est la personne tout désignée car il écrit régulièrement des rapports sur l'état de la nature pour une administration invisible. Mais c'est un rapport bien différent cette fois car il concerne "l'événement". On ne sais pas bien comment, pourquoi, ni où, mais dans l'auberge du village, un soir, l'Anderer (l'étranger) est tué. Par la communauté - sauf Brodeck, qui arrive comme un cheveu sur la soupe, après le drame.
En rédigeant ce rapport, Brodeck écrit plus. Il écrit sa jeunesse d'orphelin de la grande guerre, ses études à la capitale, les camps, le retour dans son village où rien n'a changé. En apparence.
Tout se découvre lentement, partiellement, les effets d'annonce sont nombreux, et les réponses souvents évasives. Le tout se dessine par petites touches. Du crime récent, on remonte toute une série de malveillances, de lachetés de fuites. Le visage humain n'est pas beau sous la plume de Claudel, il est hypocrite, il est bas. Dans ce village d'Europe centrale dont on ne connaitra jamais le nom, dans une zone qui semble sous domination soviétique (mais on n'en sait rien, peu d'indices vous disais-je), Brodeck tape son rapport.
Bien entendu... je vous le conseille ! Mais pas trop non plus, parce que ça agace les esprits de contradiction !