Neo-nazi, interdire ou pas.

Publié le 20 avril 2009 par Juval @valerieCG

La semaine dernière, devait se tenir à Tours un concert de RAC. Je vous laisse via le lien wikipedia chercher de quoi il s’agit. Notons pour la précision que le rapprochement avec les skinheads est beaucoup trop rapide et mal amené sur le lien wiki.

Comme d’autres internautes, je me suis mobilisée pour tenter de le faire interdire. Avec succès puisque le préfet d’Indre et Loire a décidé d’interdire ce concert “Considérant que le répertoire des groupes comporte des paroles et titres de chansons qui constituent des incitations à la haine raciale, l’apologie de crimes de guerre ou de crimes contre l’humanité, le concert est interdit”, a annoncé la préfecture qui redoute “des troubles à l’ordre public, liés notamment à des risques d’affrontements entre spectateurs et manifestants”.

A la lumière de la publicité énorme faite à ce concert, je me demande pour autant, si la manœuvre a été productive et surtout si j’agirais de la même façon pour les nombreux autres concerts qui se tiennent ici et là.

1. Figer la violence.
Dans un de ses ouvrages fondateurs, Judith Butler souligne
l’ambiguïté à interdire les discours racistes. Elle souligne déjà qu’en les prenant de façon individuelle et non pas structurelle, on les dépolitise. Elle montre également qu’on les fige.
Pour montrer ce que sont vraiment ces groupes, les blogueurs qui ont relayé l’info se sont crus obliger de citer les paroles de quelque unes de leurs chansons. On est souvent obligé pour contrer les discours haineux, racistes, de les rappeler et d’ainsi de les figer, de leur donner une consistance. Ce qui n’était que le discours halluciné de quelques abrutis avec 4 fans au QI de bulot, devient disponible, lisible par tous et toutes.
Tenir des propos racistes, parce qu’on les pense ou pour les dénoncer, c’est toujours en tenir.

2. La publicité du racisme.
On le sait, le blogueur a un pouvoir important sur les medias qui utilisent à loisir des infos collectées sur les blogs. Le journaux ont donc repris, les uns après les autres, cette info ainsi que les paroles des chansons. Certains ont même linké les clips des groupes concernés.
Ce qui était quelque chose de très confidentiel devient donc à la portée du grand public.

3. Diffuser le racisme
Tous les plus de trente ans qui ont grandi avec le rock francais et alternatif connaissent des groupes de RAC ; ils étaient assez présents sur la scène française au début des années 90. Si on ne les voyait pas, du moins connaissait on leur existence, confidentielle et cachée.
Le mouvement a péricilité dans les années 90-2000 et connait apparemment une remontée à l’heure actuelle en France.
Il reste à destination d’un public restreint, dans des lieux plutôt tenus secrets et est evidemment surveillé par les RG ou assimilés.

Fallait-il donc faire autant de pubs à ces groupes et à leur maison de disques ? Tout un chacun sera allé regarder leurs clips, voir leurs paroles. Un discours qui était inaudible, confidentiel, devient connu de tous. On le fige, on le cite, on lui donne une consistance.
Peut-être même s’incruste-il dans certains esprits qui ne comprennent pas toutes les saloperies qui recèlent leur discours.

Et comme il est hors de question, que ces mouvements s’accaparent le terme skinhead.