Source : Un Séminaire francophone pour une "économie alternative au capitalisme"
Entretien de François Plassard en 12 questions. Par Patrick Jimena.
François Plassard,
Ingénieur en agriculture et docteur en économie (Paris I Sorbonne),
initiateur en tant que senior, chercheur de sens du deuxième peuple de France, de la démarche « jardins d'habitats bioclimatiques groupés sans voiture » ou « éco hameau », alternative aux lotissements dans le SO de la France.
Dans son passé citoyen co initiateur de l'université du « temps choisi » (chèque partage du travail), des jardins de cocagne et des Sel (systèmes d'échange locaux).
Face aux trois crises « sociales, écologiques, financières » : Titanic ou Métamorphose si... la société civile joue son rôle ?
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En vrac, propositions formulées et articulées :
- re-hiérarchisation : biosphère > société > économie,
- création d'une monnaie globale utilisée pour restaurer l'écosystème,
- monnaies locales pour restaurer les échanges (de biens et de temps) et la souveraineté alimentaire,
- changement de vision du crédit et de la dette,
- relocalisation de l'économie,
- circularité de la production,
- sobriété,
- valorisation de l'usage plutôt que de la propriété,
- revenu d'existence,
- définition de biens et services communs,
- restauration des solidarités et du vivre ensemble,
- développement d'outils, de temps, d'expériences de Citoyenneté (locale, régionale, globale).
- évolution de nos valeurs, de nos bases de reconnaissance sociale (passer de "que fais-tu dans la vie ?" à "que fais-tu de ta vie ?").
Ce qui est frappant, c'est la convergence globale (aussi bien dans l'analyse que dans les propositions) avec :
- les critiques de l'idéologie libérale, de la financiarisation et de la déconnexion entre économie et besoins (où le marché conduit à des crises surproduction / insolvabilité dans lesquelles "des marchandises sans acheteurs côtoient des hommes sans revenus pour acheter ces marchandises"),
- les idées (d'une partie) des mouvements pour la décroissance,
- l'analyse de Yoland Bresson (voir l'article sur le revenu d'existence) à propos de la fin d'une société basée sur l'emploi (au sens de l'échange contractualisé rémunération / travail) et l'arrivée d'une société du participat (avec déconnexion entre revenuS + droits sociaux et activitéS),
- le MANIFESTE POUR LA MÉTAMORPHOSE DU MONDE par Edgar Morin, Pierre Gonod et Paskua (à lire ici),
- le MANIFESTE POUR LES PRODUITS DE HAUTE NECESSITE des neufs intellectuels antillais (à lire ici),
- les expérimentations en cours dans la société civile et l'économie sociale et solidaire (SEL, AMAP, coopératives d'achats, SOL, temps choisi...
- le ressenti de milliers de personnes ("Les analyses sociologiques qualitatives menées en Amérique et en Europe, identifient environ 20% d'individus appartenant à divers horizons socioprofessionnels, très informés de la crise écologique, travaillant sur eux mêmes (rapport à soi et rapport à l'autre), inventant d'autres modes de vie et d'agir à plusieurs, prêts à « changer de vie, pour changer la vie »").
Outre son analyse, il donne 3 citations que je trouve savoureuses :
Aristote (il y a 6 siècles !) :
Il y a 2 types d'activités humaines :
- celles qui accroissent le bien-être de soi-même et de ses proches,
- celles qui ont pour finalité le profit.
Ghandi :
"S’il y a assez de richesse sur la planète pour satisfaire les besoins de tous les hommes, il n’y en a pas assez pour satisfaire leur cupidité".
Et enfin, à l'autre bout de l'échelle des valeurs, mais néanmoins très franc et lucide,
Adam Smith :
"la richesse n'est pas ce qui assure notre bien-être matériel, une vie frugale y pourvoirait, c'est ce qui est désiré par celui dont nous cherchons le regard sur nous, notre spectateur".
Jacques Séguela doit l'avoir gravée sur la fesse, celle-là !