Un article de Nature et Culture en Hautes-Terres.
Meknès ville impériale, étalée entre le Moyen-Atlas et le Sahara, aux portes du Tafilalet, a de la noblesse et du panache. Elle est l'une des plus belles villes du Maroc avec ses vingt-cinq kilomètres de remparts, ses ruines imposantes, ses jardins immenses, ses portes monumentales. Elle fut la capitale de Moulay Ismaïl, souvent comparé à Louis XIV tant par le règne que par les embellissements qu'il a apportés à la ville. D'ailleurs, Meknès est surnommée le « Versailles marocain ». La ville de Meknès tire son nom de la tribu amazigh Meknassa. Les membres de cette tribu sont appelés les Imknassen au pluriel, Ameknas au singulier. Ameknas signifie en tamazight le guerrier ou le combattant. D'ailleurs les activistes amazighes l'appellent plutôt Ameknas, appellation utilisée dans les communiqués du MCA (Mouvement culturel amazigh).
Meknès se trouve tout à la fois être :
- une ville touristique (Le tourisme commence à se développer. La beauté et la diversité des paysages ainsi que la clémence du climat (tempéré sain et sec avec des nuances selon l'altitude) et le riche patrimoine historique et artistique qui évoque le faste et la grandeur, à travers tant de siècles, de cette ville attrayante, attirent de plus en plus les touristes. Une infrastructure importante a été aménagée pour faciliter le séjour des nombreux visiteurs à la recherche de dépaysement. La ville connaît actuellement une nouvelle phase d'expansion).
- une capitale culturelle
- le berceau de bien des confréries soufies.
Il suffit de laisser derrière soi l'Océan pour que peu à peu l'on soit séduit par les hautes collines de la région de Meknès, fournissant en abondance les fruits et produits maraîchers de première qualité. L'on citera l'olivier, la menthe et l'eau si désaltérante de l'oued Boufekrane. Sur la rive gauche, la médina et les ruines de la ville impériale, sur la rive droite la ville nouvelle construite à partir de 1920 montrent la grandeur « meknèssienne ».
Dans la médina, les Meknassis se distinguent toutes sortes de métiers : La ferronnerie dite damasquinée est unanimement reconnue au Maroc. Saluons également le travail d'orfèvre des menuisiers et artisans et la fabrication des moucharabiehs, embellissements des grilles et fenêtres en bois de cèdre façonnés et assemblés de manière géométrique. L'artisanat est dignement représenté en ville et dans les centres urbains de la province. Il comporte toutes les branches: textiles (tapis du Moyen Atlas) cuir, bois, fer, poteries, vanneries, la polychromie audacieuse des broderies...
Les monuments historiques de la ville montrent sa magnificence que l'on doit à Moulay Ismaïl. Des palais et jardins fabuleux, des portes majestueuses comme Bab Mansour El Aleuj (la Porte du Victorieux renégat), située à l'extrémité de la place Lala Aouda, fait la jonction entre l'ancienne et la nouvelle médina. Cette porte monumentale, la dernière commandée par Moulay Ismaïl en 1732 , vous terrasse et vous fait sentir infiniment petit.
Quelques exemples et autant de témoignages de l'histoire de la ville :
- « Sarij e Souani » constitués de puits profonds dotés de norias assuraient l'alimentation en eau de toute la ville.
- « Marbat el Khouyoul , les haras de Moulay Ismaïl
- « Sarag », route qui mène au palais royal « Bab El Khemis », décoré de mosaïques à dominante verte.
- Place El Berdain avec vue sur la partie nord de Meknès.
- Bab El Jdid, grande place animée par les échoppes de maroquiniers, bijoutiers, vanniers, ferronniers.
- Bab Tizimi Sghira et Bab Tizimi Kbira
- Les souks ou « Kobat Souks » avec au milieu de la ville : Souk Nejjarine ou Marché des Menuisiers.
Gens célèbres ont vécu à Meknès tels Abderrahman Ibn Zidane
et son ouvrage de référence « Le Cadeau aux hommes éminents des belles chroniques de la ville de Meknès » ou encore Faqih L'Mnouni.
Au théâtre, Timoud bien que n'étant pas originaire de Meknès, y séjourna longuement et aujourd'hui le Docteur Hassan El Menhi donnent leurs lettres de noblesse à cet art.
La musique moderne est largement représentée également. Meknès est la première ville où les orchestres constitués des meilleurs musiciens et chanteurs ont fait florès avec des chefs prestigieux comme Mohamed Ben Abdesslam.
A cette esquisse des personnages célèbres , il manque M'hamed Ben Aïssa,« Cheikh el kamel », Le Cheikh parfait, patron de la tariqa des Aïssaoua ; les Gnaoua , descendants d'anciens esclaves noirs venus avec Moulay Ismaïl et Ahl L'Touat, adepte de la tariqa Ouazania. D'autres confréries ont donné naissance à des zaouiyas de prestige telles que Hmadcha, Sidi Ali, Sidi Ahmed Drouri, les deux derniers enterrés à Meknès.
Beaucoup de groupes féminins appelés « les Mahlmates » donnent une idée large du répertoire chanté : Malhoun, Aïssaoua, Chaâbi avec toutefois une particularité qui leur appartient en propre : rythme el masmoudi.
La musique arabo-andalouse et en particulier Moulay Ahmed Lemdahri et Abderrahim ElKhamsi et puis d'une manière plus générale, ce que l'on appelle communément « Fene Samaâ » ont été enseignés dans les zaouiyas de Meknès comme dans la zaouiya Alamia.
Nous n'allons pas conclure cet article sans vous parler du fondement des arts musicaux, Le Malhoun et de quelques figures emblématiques : Sidi Abdelkader El Alami, Faqih Laamiri, Benaïssa Deraz, Laila Lamrini, Hamoud Ben Driss. Des interprètes ont laissé trace dans la mémoire collective comme : Cheikh Ben Amar, Cheikh Bertal, Mahjoub Azizi, Driss Mekdad, Mustapha L'Ghita, Daïdaï, Houcine Toulali, Mustapha Saîdi, Abdelhadi Redha, Zhor Elismaïli, Saïd Najah, Saïd Idrissi, ...
Tous ont donné à la ville un enseignement unique à tout l'espace maghrébin de par sa configuration géographique
fédératrice.
Un mot sur Volubilis, haut lieu de la civilisation romano-berbère, à l'ouest du massif du Zerhoun qui s'étend sur près de 40 hectares, enveloppé d'un rempart d'époque romaine, inscrite au Patrimoine mondial de l'Unesco, lieu de convergences des rencontres culturelles en particulier sur la tradition orale si féconde en cette région.
Pour conclure, la ville de Meknès est le brassage réussi du passé, des temps actuels et de l'avenir. Il suffit de vous promener dans la ville accueillante et vous tomberez d'arrêt devant tant de fastes et de beauté. Il suffit de flâner au gré de votre humeur et vous vous sentirez happé par l'Histoire et l'essence de Meknès. Qu'il suffise enfin de vous dire que vous avez besoin pour cela de prendre un congé prolongé.
Bibliographie- Meknès, cité historique
- Meknès, cité impériale
- Mekenès, dans les années 20
- Villes impériales du Maroc : livre illustré
- Maroc, les villes impériales : recueil de textes classiques (Romans, contes et récits) sur les villes du Maroc, réunis et présentés par Guy Dugas.
- Maroc les cités impériales par Samuel Pickens, Françoise Peuriot, et Philippe Ploquin (livre illustré)
- Les médinas du Maroc par Steven Ware, Claire Tréal et Jean-Michel Ruiz (livre illustré)
Liens externes
- Ville de Meknès Site de la Communauté Urbaine de Meknès
- Une page du ministère de la Communication marocain sur Meknès
- Une page de l'Unesco sur Meknès
- Bibliographie sur la ville
Articles connexes
- Nature et Culture à Meknès
Contributions
- Hayat Boukhriss
- Yassine Habibi, (né le 21 avril 1984 à Meknès), c'est dans cette cité impériale que Yassine a apprit les ficelles de la chanson en continuant son chemin d'apprentissage artistique en parallèle avec ses études académiques au sein de la faculté des lettres et des sciences humaines de sa ville natale.
Remerciements
à Saïd El Meftahi, auteur de la première version de cet article.